le siècle des lumières

Sunday, December 07, 2008

De l'esprit des lois

De l’esprit des lois est l’œuvre majeure de Montesquieu. Elle paraît pour la première fois, après 20 ans de travail, à Genève en 1748, grâce à l’aide de Mme de Tencin qui s’est également chargée de la publication des Errata de cette édition très fautive et amputée, et de celle de la nouvelle édition revue et corrigée par Montesquieu de 1749.

Certaines des idées de l'esprit des lois seront reprises lors de la rédaction de la Constitution française de 1791, notamment la séparation des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Le livre influence aussi grandement la rédaction de la Constitution des États-Unis d'Amérique (checks and balances).

Il y prône l’établissement d’un système aristocratique très libéral. Mais avant de pouvoir faire évoluer un système politique, il pense qu’il est nécessaire d’analyser l’origine des lois passées et celles qui lui sont contemporaines. Il distingue des causes culturelles (traditions, religion, etc) et des causes naturelles (climat, géographie, etc).

De l’esprit des lois ne laisse pas indifférent lors de sa parution et Montesquieu est l’objet des plus vives critiques de la part de conservateurs et d’ecclésiastiques, alors que des louanges sont émises par les encyclopédistes comme D'Alembert (qui lui écrira un éloge). Toutefois, certains encyclopédistes lui reprochent une certaine forme de conservatisme (Montesquieu était favorable à l’aristocratie). On lui reproche aussi son déterminisme dans sa théorie des climats. Il répondra à toutes ces critiques par Défense de l’esprit des lois publié en 1750.

Montesquieu tente de dégager la logique des différentes institutions politiques par l'étude des lois considérées comme simples rapports entre les réalités sociales. Il envisagea trois types de gouvernement : la république, la monarchie et le despotisme. Son œuvre, qui inspira les auteurs de la Constitution française de 1791, est à l'origine du principe de séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, base de toute démocratie. Il est aussi considéré comme l'un des pères de la sociologie.

Cependant, malgré l'immensité de son apport à la théorie moderne de la démocratie parlementaire et du libéralisme, il est nécessaire de replacer un certain nombre de ses idées dans le contexte de son œuvre :

1. il n'a jamais parlé de séparation des pouvoirs mais de distribution des pouvoirs ;
2. il n'a pas eu de réflexion réellement poussée sur le rôle central du pouvoir judiciaire ;
3. il n'a jamais parlé d'une doctrine des droits de l'homme ;
4. la réflexion sur la liberté, a moins d'importance à ses yeux, que celle sur les règles formelles qui lui permettent de s'exercer.

Le philosophe marxiste Louis Althusser le décrit comme un libertin partagé entre l'idéalisation de la problématique des contre-pouvoirs féodaux et le désir de grandeur parlementaire, ce qui est trop compréhensif vis-à-vis des idiosyncrasies particulières. Les travaux de Louis Desgraves et Pierre Gascar ont montré, que contrairement à Voltaire, il était un homme bien intégré à la société de son temps, et nullement en révolte contre son monde : bon aristocrate et bon catholique, héritier sans problème et bon gestionnaire de ses biens, bien marié, académicien soucieux de sa réputation, habitué des « salons ». Sa pensée complexe échappe au caractère radical et dogmatique de la philosophie des Lumières. Ses incohérences et ses ambiguïtés sont les marques bienfaisantes d'une œuvre dénuée de système, qui tente de combiner la raison et le progrès avec les traditions et autres «irrationalités» que charrie l'histoire.

( Azadunifr )

DE L’ESPRIT DES LOIS [ sur le net ]

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