le siècle des lumières

Saturday, December 13, 2008

Eloge de Gil Blas de Santillane

« Gil Blas », dit Laharpe, est un chef-d'oeuvre : il est du petit nombre des romans qu'on relit toujours avec plaisir; c'est un tableau moral et animé de la vie humaine; toutes les conditions y paraissent pour recevoir ou pour donner une leçon... « Utile dulci » devrait être la devise de cet excellent livre, que la bonne plaisanterie assaisonne partout. Plusieurs traits ont passé en proverbe, comme par exemple : « les homélies de l'archevêque de Grenade ! » ... Quelle sanglante satire de l'inquisition ! .... Quelle peinture de l'audience d'un premier commis, de l'impertinence des comédiens, de la vanité d'un parvenu... du caractère des grands, des moeurs de leurs domestiques ! C'est l'école du monde. On reproche à l'auteur de n'avoir peint presque jamais que des fripons; qu'importe, si les portraits sont reconnaissables ?... On lui reproche trop de détails subalternes; mais il sont tous vrais, et aucun n'est indifférent ni minutieux... On connaît tous les personnages de « Gil Blas »; on croit avoir vécu avec eux... parce que, dans la peinture qu'il en fait, il n'y a pas un trait sans dessein et sans effet. Le Sage avait bien de l'esprit, mais il met tant de talent à se cacher derrière ses personnages qu'il faut avoir de bons yeux pour voir l'auteur dans l'ouvrage... Un autre avantage de « Gil Blas », c'est qu'il n'est pas comme tant de romans, guindé par une morale stoïque et désespérante, qui n'offre jamais de la vertu et de l'humanité qu'un modèle idéal que personne ne peut se flatter d'atteindre. L'auteur y peint les hommes tels qu'ils sont, capables de fautes et de repentirs, de faiblesses et de retour... » « Gil Blas » nous semble avoir un intérêt plus général, un but plus moral que « Don Quichotte ». Les Anglais en font le plus grand cas.

( Azadunifr )

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