le siècle des lumières

Wednesday, December 17, 2008


Les Confessions

Dès 1761, Rousseau a pensé aux Confessions, juste après avoir terminé la Nouvelle Héloïse. L'idée de départ lui est donnée par son libraire (on dirait aujourd'hui son éditeur) suisse, Rey, qui lui demande d'écrire sa vie pour faire une préface à ses œuvres complètes. Rousseau accepte pour plusieurs raisons :

- Il a vécu en décembre 1761 une crise au cours de laquelle il s'est cru mourant (une sonde s'est cassée dans son urètre). Il a alors épousé Thérèse et fait rechercher ses enfants. Il souhaite rentrer dans un certain ordre social, dresser le bilan de sa vie, réparer ses fautes, écrire une sorte de testament. Cependant, ce projet de préface reste sans suite.

- 1762 est l'année d'une deuxième crise, celle d'un homme de lettres dont on veut mutiler et faire disparaître l'œuvre. En particulier, la persécution par les autorités dont il est l'objet est en partie à l'origine de l'angoisse du complot. Le 9 juin, Rousseau est décrété de prise de corps par les autorités genevoises et le 1er juillet, invité à quitter le canton.

Le 10 juillet 1762, Rousseau écrit à Frédéric II de Prusse pour lui demander asile dans une enclave prussienne, à Môtiers, dans le Val de Travers. Il y réside jusqu'en septembre 1765.

Le 29 juillet 1762 meurt Madame de Warens. Il entreprend la rédaction des Confessions. Fin 67 il achève les 6 premiers livres (sa vie de 1712 à 1742). Pendant ce temps, la persécution continue : durant l'automne 1763, le procureur général Tronchin publie les Lettres écrites de la campagne, justifiant la condamnation de Rousseau par le grand conseil genevois. Rousseau répond le 9 juin 1764 par les Lettres écrites de la montagne. Le 27 décembre, Le sentiment des citoyens apprend que l'auteur de l'Emile a déposé ses enfants aux Enfants-Trouvés. Le texte est de Voltaire.

En 1765, Les Lettres écrites de la montagne sont brûlées à La Haye puis à Paris. À Môtiers, le 6 septembre, un prêche excite la population contre lui ; la maison de Rousseau est lapidée dans la nuit. Rousseau se réfugie sur l'île Saint Pierre.

En 1771, sous la pression de Mme d'Epinay, qui redoute les indiscrétions des Confessions, la police interdit les lectures publiques des 6 derniers livres. Peu à peu, Rousseau acquiert la conviction d'un complot universel

L’écriture de soi

La rédaction des Confessions, commencée en Angleterre en 1765, s’inscrit dans une période d’incompréhension, voire de persécutions subies par Rousseau : il reçoit à Môtiers (Suisse) des jets de pierre, est expulsé de l’île Saint-Pierre. Il développe à cette période une « théorie du complot » et fait, par exemple, des Encyclopédistes, les agents d’une vaste conspiration qui vise à le réduire au silence.

L’expression autobiographique et le repli solitaire au sein de la nature vont constituer les seuls havres de paix de l’écrivain vieillissant. La première partie des Confessions présente le « sujet -Rousseau » de sa naissance à 1742, année de son départ pour Paris. Elle propose donc, dans les livres I à VI, le portrait d’un homme saisi dans l’observation de ses « chaînes d’affections secrètes », construites par des épisodes déterminants qui ont façonné sa manière de sentir. Les livres suivants sont composés plus rapidement et marqués par une tonalité beaucoup plus grave. Ils présentent les drames vécus par l’adulte, jusqu’au seuil de sa vieillesse. En regard des illusions heureuses de la jeunesse, la nostalgie et l’amertume du « Je » qui se confie semblent alors révélatrices de la corruption du monde et de l’injustice des hommes.

Faire entendre son cœur

La formule du temple de Delphes « Connais-toi toi-même » guide l’auteur des Confessions dans son entreprise d’introspection et de dévoilement. Le principe est ici fondé sur une connaissance intuitive, née du sentiment de présence à soi qui va permettre au lecteur de partager les mouvements du cœur de celui qui expose les événements et les choix qui ont marqué sa vie. Dès le célèbre avant-propos de l’ouvrage (« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur »), Jean-Jacques Rousseau instaure donc un pacte de lecture qui place le destinataire de l’écrit en position de miroir : la compréhension ne peut être fondée que sur une véritable compassion, un partage d’affects.

L’idée développée dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755) — l’homme est naturellement bon — est ici reprise sur le mode de l’autobiographie. Les Confessions se fondent sur le sentiment de l’innocence du locuteur. La trame narrative reprend les discontinuités et accidents d’une vie dont la mémoire du sujet sent l’unité. Le souvenir permet une révélation de la vérité des événements dans l’intensité émotive qu’il restitue et amplifie : « En me disant, j’ai joui, je jouis encore ». L’authenticité d’une parole qui ressaisit les sensations devient l’espace où « être soi », selon la devise que Rousseau aimait à répéter à Bernardin de Saint-Pierre. L’entreprise autobiographique ne cesse pas avec les Confessions bien que celles-ci aient promis de « tout dire » : l’exploration se poursuivra dans Rousseau juge de Jean-Jacques (1772-1776, publication posthume 1789) et les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778, publication posthume 1782).

L’originalité du projet rousseauiste ici — dans l’histoire de l’écriture de soi comme ailleurs dans l’histoire de la philosophie politique ou morale — est remarquable et constitue l’amorce de l’exploration psychologique ou psychanalytique. Rousseau devient ainsi le modèle du inaugural du genre autobiographique et inspirera, après lui, Senancour, Stendhal, Hölderlin, Tolstoï, Sartre ou Leiris, parmi d’autres.

Résumé - Les Confessions

Rousseau entreprend d'écrire ses mémoires dans une période particulièrement difficile de son existence : en 1762, le Parlement de Paris condamne l'Émile à être brûlé, aussitôt imité par la république de Genève et la Hollande. Rousseau se réfugie à Môtiers-Travers, dans la principauté de Neuchâtel. Invité par son éditeur Rey à écrire l'histoire de sa vie, il s'y décide en 1763, dans un état d'esprit d'homme traqué. En 1764, sa querelle avec Voltaire prend un tour venimeux avec le Sentiment des citoyens où ce dernier révèle l'abandon des quatre enfants de Jean-Jacques aux Enfants-Trouvés.

Cette accusation précipite l'écriture des quatre premiers livres des Confessions en 1765 (manuscrit de Neuchâtel). Rousseau y raconte ses années d'enfance et d'adolescence, qu'il clôt d'une conclusion provisoire, légitimant que l'on s'intéresse à ces quatre livres comme à un ensemble autonome.

Les Confessions sont une autobiographie publiée à titre posthumecomposée de 12 livres, publiée en deux temps, en 1782 et 1789.

Livre I

1712 à Mars 1728.(0-16 ans)

Préambule - Mort de sa mère - Lectures nocturnes avec le père - A Bossey, chez le pasteur Lambercier : découverte de l'injustice (le peigne cassé) ; émois sexuels lors d'une fessée (premier aveu) - En apprentissage chez le graveur Ducommun - Jean-Jacques fuit Genève dont il trouve un soir les portes fermées.

Livre II
Mars à Décembre 1728.(16 ans)

Recueilli par des réseaux chargés de convertir les jeunes protestants - Première rencontre à Annecy de Mme de Warens - Elle l'envoie à l'hospice des catéchumènes de Turin - Agression sexuelle d'un Maure - Court séjour chez Mme Basile - Engagé comme laquais chez Mme de Vercellis, J.J. accuse la servante Marion d'un vol qu'il a commis (deuxième aveu).

Livre III
Mars 1728 - Avril 1730.(16 à 18 ans)

Errant dans Turin, J.J. se livre à des pratiques exhibitionnistes - Engagé chez le comte de Gouvon, il étonne l'assistance par ses connaissances - Il prend la route d'Annecy avec l'ami Bâcle - Mme de Warens l'accueille à nouveau - Cours au séminaire et leçons de musique - J.J. suit à Lyon le musicien Le Maître et l'abandonne dans la rue alors que celui-ci a une crise d'épilepsie (troisième aveu).

Livre IV
Avril 1730 à Octobre 1731.(18-19 ans)

De retour à Annecy : Mme de Warens est absente - Journée idyllique avec deux jeunes filles - J.J. part pour Fribourg avec la femme de chambre de Mme de Warens puis s'installe à Lausanne où il donne un concert catastrophique - Rencontre d'un faux archimandrite - Voyage à Paris, puis retour à Lyon - Rencontre d'un prêtre homosexuel et d'un paysan - Retour à Annecy où Mme de Warens le fait entrer au cadastre du roi de Piémont-Sardaigne.

( Azadunifr )

Les Confessions [ sur le net ]

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