le siècle des lumières

Monday, December 15, 2008

La Religieuse

La Religieuse

roman de Denis Diderot publié en 1796 — douze ans après sa mort —, après une première livraison en revue.

Ce roman aurait à coup sûr valu à Diderot un embastillement pour le restant de ses jours s’il l’avait publié de son vivant. En effet, c’est un vrai et violent réquisitoire que dresse Diderot contre l’institution religieuse, contre la famille et contre toutes les formes d’oppression de l’individu.

Composé de 1760 à 1780, ce roman naît d’une mystification : un marquis crédule croit recevoir d’une femme enfuie de son couvent des lettres écrites par Diderot. L’affaire découverte, Diderot décide d’en faire un roman, la Religieuse : enfant illégitime, Suzanne Simonin est envoyée dans un couvent. Acculée à la folie par son enfermement et par la perversité de son entourage, elle adresse, avant de mourir, une lettre au marquis de Croismare dans laquelle elle décrit son martyre.

« C’est la contrepartie de Jacques le Fataliste. Il est rempli de tableaux pathétiques […] tout l’intérêt est rassemblé sur le personnage qui parle […] et je ne crois pas qu’on ait jamais écrit une plus effroyable satire des couvents », écrira Diderot à un ami. En effet, le réalisme rencontre ici le pathos le plus troublant, et nul ne peut rester insensible aux tourments de cette jeune fille qui, bien que dans son droit, ne parvient pas à le faire reconnaître : sa famille, avec la complicité des autorités religieuses, la contraint à rester prisonnière du monde clos du couvent.

La description de ce combat que mène la jeune femme pour reconquérir sa liberté préfigure à cet égard les grands romans du XIXe siècle. À travers cette lutte pour la liberté individuelle, Diderot, l’écrivain et le philosophe, nous livre son œuvre la plus moderne et la plus profonde.

La Religieuse a été transposé à l’écran par Jacques Rivette en 1966, sous le titre Suzanne Simonin, la Religieuse de Denis Diderot. Son interdiction de projection publique par la censure a suscité, dans la France entière, une campagne de protestations sans précédent.

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C'est l'histoire de Suzanne Simonin une jeune fille que ses parents ont cloîtrée contre son gré afin qu'ils ne soient pas obligés de partager l'héritage entre leurs trois enfants. Suzanne n'a pas de penchant pour la vie religieuse, elle est malheureuse comme la pierre. Elle veut renoncer à ses voeux et retrouver le monde libre, elle réussit à intenter une action en justice qui la délivrerait. Mais la supérieure de son couvent et sa communauté n'ont pas du tout apprécié les démarches entreprises par Sainte-Suzanne. Que de misères et de persécucations ont poursuivi Suzanne Simonin...


À la fin du XVIIIe siècle, Suzanne Simonin, enfant naturelle de seize ans et demi, est envoyée au couvent pour expier la faute de sa mère. Elle y découvre un monde où l'austérité, conjuguée à l'autorité, pervertit les âmes les plus tendres, où règnent l'hypocrisie et la jalousie. Suzanne, privée de son destin et de son identité, se débat en vain contre cette injustice. Elle lutte pour échapper à la cellule où les journées se passent à mesurer la hauteur des murs derrière lesquels se trame parfois l'inavouable

Au goût d'aujourd'hui on pourrait presque prendre ce roman comme un fait vécu misérabiliste. Mais ce n'est pas un fait vécu c'est bel et bien un roman écrit sous forme de journal, Diderot s'est inspiré d'une religieuse qui à l'époque en France faisait parler d'elle parce qu'elle intentait une action devant les tribunaux pour rompre ses voeux. C'est une satire contre les couvents. Diderot s'en donne à coeur joie, je serais bien surprise qu'il soit croyant. Écrit en 1758 mais par peur de représailles, il n'a retouché à ce livre qu'en 1780 mais reste tout de même inachevé. Il fut enfin publié en 1796, Diderot était décédé depuis 1784.

C'est de la belle littérature, une écriture élégante, charmante dans son archaïsme. On craint souvent avec les classiques de tomber sur des oeuvres difficiles ou ennuyeuses mais ici bien loin de là, un roman très facile à lire, le vocabulaire est accessible, l'histoire est prenante, pas de longues descriptions soporifiques au contraire l'auteur est précis.


Avec l'histoire cruelle et douloureuse de cet enfermement, ce sont les drames de l'exclusion, la question de l'identité et des rapports humains, la condition de la femme que Diderot évoque sans fard. Inspiré d'un fait réel, ce roman étudie, à travers les atteintes portées à la liberté individuelle et l'aliénation, l'évolution d'un état antinaturel. La sincérité de la foi n'est pas remise en question ; c'est la nécessité de contraindre les individus dans un état d'enfermement continuel qui est dénoncée. Dieu a fait l'homme sociable, mais approuve-t-il qu'il se renferme ? Diderot décrit ce qui arrive lorsqu'on contredit « la pente générale de la nature ». « Je ne crois pas qu'on ait écrit une plus effroyable satire des couvents », disait-il. La Religieuse est aussi et surtout une chaleureuse apologie de la liberté individuelle. Monologue fondé sur le pathétique, le roman de la Religieuse, annonce les thèmes des conversations de Jacques le Fataliste et du Neveu de Rameau. Un livre surprenant par son contenu et ses vérités.

Bref je suis très très contente d'avoir lu ce livre qui traînait dans ma bibliothèque depuis des années. Et puis c'est satisfaisant de connaître ces grands auteurs du passé.

La Religieuse [ sur le net ]

Azadunifr

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