le siècle des lumières

Sunday, December 07, 2008













Voltaire
( 1694 - 1778 )
Écrivain et philosophe

Prince de l'esprit et des idées philosophiques qu'il répand dans ses poèmes, ses contes, ses essais historiques et ses campagnes en faveur des victimes d'erreurs judiciaires, il reste un maître du récit vif et spirituel

Biographie

Voltaire, de son véritable nom François Marie Arouet, est le cinquième enfant et le troisième fils d’un notaire au Châtelet, puis payeur des épices de la Chambre des Comptes.
Sa mère meurt en 1701.

Voltaire effectue de 1704 à 1711 de brillantes études de rhétorique et de philosophie chez les jésuites du collège Louis Le Grand.

Entré dans la société du Temple par l’intermédiaire de son parrain, l’abbé de Châteauneuf, il a très rapidement le goût des plaisirs, du théâtre et des conversations brillantes. Il est présenté à Ninon de Lenclos, qui lui légue une somme de deux mille livres pour sa bibliothèque, et aux autres habitués du Temple : il débute sous leurs auspices.

Le jeune François Marie Arouet néglige ses études de droit. Il part comme secrétaire d’ambassade à la Haye. Il tombe amoureux d’une jolie huguenote et l’ambassadeur le renvoie à Paris.

En 1717, quelques mots de trop contre le Régent (Puero regnante) et surtout pour des vers qu’il n’a pas faits (les J’ai vu), l’envoie à la Bastille pendant onze mois. Il en profite pour terminer sa tragédie Œdipe, commencer le poème de La Ligue, première version de La Henriade.
En sortant de prison, il prend le nom de Voltaire, anagramme de son nom (AROVET Le Jeune, où le U et V, J et I se confondent à cette époque).

Le duc d’Orléans lui fait bon accueil et lui donne 1200 livres de pension. Œdipe est joué le 18 novembre 1718, avec un grand succès, que n’obtiendra pas Artémise en 1720.

En 1722, il hérite de son père et commence une carrière de dramaturge et de poète mondain.
Une dispute qui l’oppose en 1726 au chevalier de Rohan-Chabot lui vaut un deuxième séjour à la Bastille, par lettre de cachet. C’est à cette occasion que le chevalier, manifestant du mépris pour ce bourgeois sans nom, s’était vu répondre : " Mon nom, je le commence, et vous finissez le vôtre ".
Aussitôt libéré, Voltaire s’exile en Angleterre, où il est accueilli par son ami Bolingbroke, il y rencontre Pope, Swift. Il découvre la philosophie de John Locke. Il est frappé du contraste économique, social, politique, scientifique, que l’Angleterre présente avec la France.

En 1729, de retour en France, il reconquiert peu à peu la société parisienne et publie plusieurs pièces, telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732), tragédie écrite en trois semaines qui obtient un immense succès.

En 1734, les Lettres sur les Anglais dites Lettres philosophiques fait grand scandale fut grand. Le Parlement condamne l’ouvrage comme « propre à inspirer le libertinage le plus dangereux pour la religion et l’ordre de la société civile ». Il est brûlé au pied du grand escalier du palais. Le libraire Jore est mis à la Bastille, et Voltaire, pour éviter le même sort, s’enfuit précipitamment en Lorraine. Au bout d’un mois, Voltaire revient en France avec une permission tacite. Il s’installe, non à Paris qui lui était interdit, mais en Champagne, au château de Cirey, chez Mme du Châtelet, avec qui, en ces derniers temps, il s’était étroitement lié. Il y restera un familier jusqu’en 1749, année de la mort de sa bienfaitrice. Un théâtre est installé au grenier, et c’est là une véritable fièvre de représentations dramatiques. Voltaire écrit alors toute une série de tragédies et de comédies à un rythme soutenu . Voltaire installe un laboratoire, fait venir des instruments, concourt pour un prix de l’Académie des sciences, en même temps que son amie : ni elle, leibnizienne, ni lui, newtonien n’eurent le prix. Il s’occupe de physique, de chimie, d’astronomie, écrit un Essai sur la nature du feu, une Épître sur Newton, vulgarise un Éléments de la philosophie de Newton en 1738. Et au milieu de cette prodigieuse activité, il lui reste du temps pour se chamailler avec toute sorte d’ennemis : avec Jean-Baptiste Rousseau, d’abord son ami et maintenant son mortel ennemi (Utile examen des épîtres du sieur Rousseau, 1736) ; avec l’abbé Desfontaines, qu’il avait jadis arraché à la prison, et qui lançait contre lui en 1738, la sanglante Voltairomanie. Voltaire écrit contre lui L’Envieux (entre 1736 et 1738), et fait appel aussi au lieutenant de police.

En 1744, Marc-Pierre D’Argenson, son ancien condisciple chez les jésuites de Louis-le-Grand, devenu ministre, le rappelle à Versailles. Pendant trois ans, Voltaire va s’acquitter de diverses missions diplomatiques et s’abandonner au tourbillon de la cour. Historiographe du roi en 1745, puis gentilhomme ordinaire de la chambre, il écrit des opéras pour les fêtes royales.

Le mai 1746, il est élu à l’unanimité le 2 mai 1746 en remplacement de Jean Bouhier et reçu par son ancien maître l’abbé d’Olivet le 9 mai suivant. Son discours est uniquement littéraire et il n’y fait aucune allusion aux questions qui auraient pu soulever des protestations : il a pour sujet : Des effets de la Poésie sur le génie des langues.

Mais, à la cour, Voltaire se fait des ennemis, dont Mme de Pompadour. Il fréquente alors à Sceaux la cour plus riante de la duchesse du Maine. Dans Memnon, histoire orientale (1747), première version de Zadig, il décrira toutes ses mésaventures de courtisan.
Homme extrêmement imprudent, il est à nouveau disgracié et trouve refuge auprès du roi Stanislas, à Lunéville.

En 1749, très touché par la mort de Mme du Châtelet, il cède rapidement aux avances de Frédéric II, le roi de Prusse, qui lui fit une pension de 20 000 livres ; les soupers du roi et du philosophe sont célèbres. Voltaire reste quatre ans au château de Sans-Souci. Sa relation avec Frédéric II fut d’abord l’idéal de ce que pouvait être la relation entre un homme de pouvoir et un homme de lettres.

En 1753, l’opposition de Voltaire à Maupertuis, président de l’Académie de Berlin, lui vaut de se brouiller avec le monarque ; il doit fuir à nouveau.

Il contribue de 1754 à 1758 à l’Encyclopédie.

Il retrouve le calme hors de France mais près de la frontière, il s’installe en 1755 aux " Délices ", aux portes de Genève. À soixante ans, Voltaire découvre la nature, la vie rustique. Avec Mme Denis, sa nièce devenue sa maîtresse dix ans auparavant, il reçoit ses amis. Il va aménager la région, bâtir, planter, semer et développer l’élevage. Il y fait vivre un millier de personnes, se fait agriculteur, architecte, fabricant de montres et de bas de soie. Avec son sens de la formule, il résume l’entreprise : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1200 personnes utiles ».

En 1759, de sa brouille, célèbre, avec Rousseau, (cf la Lettre à rousseau , naît un petit chef-d’œuvre du conte philosophique : Candide ou l’Optimisme.

En 1760, il s’installe définitivement à Ferney, à portée de la Suisse, prêt à s’y réfugier à la moindre alerte.

Par sa vaste correspondance (plus de 6 000 lettres de 1760 à 1778), il est en relation avec toute l’Europe : Frédéric II, Catherine de Russie, les rois de Pologne, de Suède, du Danemark. Il écrit surtout à Paris, où Thiériot (son ami de toujours) et d’Argental font jouer ses pièces, ou d’Alembert, Helvétius, Condorcet-> diffusent sa prose, où Choiseul et Turgot le protègent de leur influence.

En 1764, Voltaire poursuivit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique. Le choix de la forme du dictionnaire illustre bien l’ambition que les Lumières avaient d’embrasser la totalité des connaissances humaines. À l’origine le Dictionnaire philosophique devait être une réfutation rationaliste de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais il fut augmenté par son auteur, qui y joignit des articles défendant les idées de progrès, de justice et de tolérance.
En 1765, il obtient la réhabilitation de Jean Calas.

À quatre-vingt-quatre ans, Voltaire fait un retour triomphal à Paris en février 1778. C’est le 30 mars qu’il reçoit l’hommage de l’Académie française et qu’il est porté en triomphe par la foule pour aller assister à la sixième représentation d’Irène" sa dernière tragédie.

Il meurt le 30 mai 1778 à l’angle de la rue de Beaune et du quai Voltaire dans l’hôtel du Marquis de Villette. Le curé de saint Sulpice refuse de l’inhumer, mais garde le silence. Pour lui éviter d’échouer dans un quelconque terrain vague, sa mort toujours gardée secrète, son neveu Mignot, abbé de l’abbaye de Sellières, le transporte dans un fiacre, en catastrophe (la dépouille étant assise, poudrée et perruquée, ligotée à sa banguette) jusqu’à l’abbaye, près de Romilly sur Seine. L’inhumation a lieu dans l’abbatiale, le 2 juin, après une nuit veillée par les moines. Pari gagné puisque l’interdiction d’obsèques religieuses émanant de l’évêque arrive juste un peu plus tard !

Le 8 mai 1791, les officiers municipaux de Paris, sur la requête du marquis de Villette, neveu par alliance de Voltaire, demandèrent à l’Assemblée le transfert des cendres de l’abbaye de Sellières. L’abbaye de Sellières venait d’être vendue, il y avait urgence, car le département de l’Aube, le club des Jacobins de Troyes et la municipalité de Romilly songeaient à se partager les ossements. Le décret rendu et l’exhumation faite, le directoire du département de Paris fut chargé du transfert et de l’ordonnance du cortège. Après un séjour dans l’église de Romilly dont le curé constitutionnel le régala d’une oraison funèbre et des vêpres des morts, le corps de Voltaire se mit en branle le 5 juillet sur un char attelé de quatre chevaux blancs caparaçonnés de violet. On gagna Nogent et Provins, le 6 ; Nangis, le 7 ; Guignes, le 8 ; Brie-Comte-Robert, le 9 ; enfin le 10 au matin on se mit en route, et après un arrêt à midi à Créteil on entra dans Paris à la nuit close. La cérémonie révolutionnaire eut lieu le 11 juillet 1791, avec le transfert de ses cendres au Panthéon. Il faut noter qu’elle se déroula sans la participation du clergé et que Mirabeau, premier à y être rentré mais en est expulsé en 1794, ce qui fait de Voltaire le premier occupant dans la durée du temple républcain.

Sa vie

Voltaire, dramaturge mondain:

Né à Paris dans une famille de commerçants jansénistes enrichis par la récente acquisition d'une charge de receveur à la Cour des comptes, François Marie Arouet, dit Voltaire, est élevé chez les jésuites du collège Louis-le-Grand. L'influence exercée par les membres de la Compagnie de Jésus sur l'esprit de Voltaire se vérifie à sa prodigieuse maîtrise de la rhétorique , à son goût de la discussion, du théâtre et de l'histoire.

Parallèlement, il est introduit dans les milieux mondains par son parrain, l'abbé de Châteauneuf, qui le présente même à la célèbre courtisane Ninon de Lenclos. Ainsi, dès l'âge de vingt ans, Voltaire fréquente les salons parisiens et s'adonne à une littérature mondaine, sinon légère. Son insolence et son indépendance d'esprit, que l'on pourrait imputer à une certaine forme d'inconscience, lui valent d'être emprisonné onze mois à la Bastille pour avoir osé écrire des libelles contre le Régent. Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet adopte le pseudonyme de Voltaire. Sous cette nouvelle identité, il fait représenter sa première tragédie , Œdipe (1718), qui connaît un honorable succès et est suivie de plusieurs autres pièces entre 1720 et 1725. Dans le même temps, il se consacre à la composition d'une épopée, la Ligue, qu'il publie en 1723 et qu'il remanie pour en faire la Henriade. L'image que le jeune écrivain impose à ses contemporains est donc extrêmement traditionnelle, puisque la tragédie et l'épopée sont les deux grands genres de l'esthétique classique. Ce n'est pourtant pas pour cela que la postérité élèvera Voltaire au rang des plus grands écrivains français.

Le séjour en Angleterre: les lettres philosophiques

À la suite d'une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire est embastillé une nouvelle fois et doit s'exiler à sa libération. Il passe ainsi deux ans et demi en Angleterre. La découverte de la monarchie parlementaire et libérale anglaise, qu'il considère comme exemplaire, influence considérablement ses idées politiques. Voltaire y découvre en effet la tolérance, vertu qu'il ne cessera de défendre sa vie durant. En procédant dans Letters Concerning the English Nation (1733), rédigées en anglais à l'éloge des mœurs politiques anglaises, il fustige les abus du despotisme monarchique français et dénonce l'esprit intolérant et coercitif qui règne dans la société française. De retour en France, Voltaire publie plusieurs pièces, telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732); cette dernière tragédie , écrite en trois semaines, obtient un immense succès. En 1734, il traduit et remanie les Lettres anglaises pour les augmenter: elles sont publiées de nouveau, sous le titre de Lettres philosophiques.

Parce qu'il traite de la liberté politique et religieuse, parce qu'il célèbre la prospérité et le progrès comme les avancées de la science, parce qu'il expose la doctrine du matérialisme de Locke, tout en affirmant (à propos d'une lecture des Pensées de Pascal) une foi optimiste en la nature humaine, l'ouvrage devient un véritable manifeste des Lumières. Le livre est interdit pour ses idées réputées dangereuses. Voltaire décide de braver l'interdiction et, menacé d'arrestation, est contraint de se réfugier en Lorraine, à Cirey, chez son amie Mme du Châtelet. Cet esprit pugnace et vindicatif, révélé par les Lettres philosophiques, qui tend à imposer un tour piquant aux moindres idées fonde les opinions les plus diverses et les jugements les plus partagés sur l'œuvre de Voltaire.

La retraite à Cirey: les essais philosophiques

Retiré à Cirey, Voltaire s'adonne à l'étude et à l'écriture. Il y compose plusieurs pièces de théâtre, la Mort de Jules César (1735), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet (1741) ou encore Mérope (1743), ainsi qu'un poème léger, épicurien et burlesque, à la gloire du bonheur terrestre: le Mondain (1736). Il se passionne également pour des domaines de connaissances les plus divers: les sciences, l'histoire, la philosophie, et écrit ses Eléments de la philosophie de Newton (1738), ouvrage de vulgarisation qui contribue largement à la diffusion des idées nouvelles. Le Siècle de Louis XIV (1751), dont la rédaction commence ces années-là, est fondé sur une méthode originale, où domine le souci de rapporter des faits objectifs; l'ensemble de cet ouvrage est néanmoins une célébration du monarque et de la civilisation sous son règne. Avec l'Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (1756), Voltaire joue un rôle essentiel dans le renouveau des études historiques. Dans ces deux ouvrages, sa curiosité, jointe à sa passion de la vérité, l'entraînent en effet à un examen critique et raisonné de ses sources, dont il confronte les témoignages contradictoires. D'autre part, Voltaire est le premier, avec Montesquieu, à s'intéresser à l'histoire du peuple ou de la nation, et non plus exclusivement à l'histoire monarchique ou militaire. Pendant son séjour à Cirey, Voltaire entretient également une correspondance avec Frédéric II de Prusse, dit « le roi philosophe », qui veut l'attirer à Potsdam. Mais une certaine libéralisation à la cour de France, sous le « règne » de la favorite Mme de Montespan, engage Voltaire à revenir à Versailles, où il est nommé historiographe du roi (1745).

Le retour à Versailles: les contes philosophiques

L'année suivante, Voltaire est élu à l'Académie française. Il mène dès lors une carrière de courtisan, avec ses erreurs, ses échecs et ses déceptions: son insolence lui vaut d'être disgracié et de devoir se cacher pendant deux mois chez la duchesse du Maine, à Sceaux. C'est à cette époque qu'il écrit la tragédie Sémiramis (1748). Mais, philosophe soucieux avant tout d'être entendu par un large public, il se met à explorer la forme narrative du conte pour illustrer ses idées. Zadig ou la Destinée (1748), qui pose le problème du bonheur et du destin, puis Micromégas (1752), qui traite de la relativité des connaissances, sont deux de ses contes philosophiques. C'est par ces récits merveilleux que le public du XXe siècle connaît et admire Voltaire; lui-même pourtant ne les considérait que comme une partie mineure de son œuvre.
En 1749, le philosophe subit une épreuve douloureuse: Mme du Châtelet, qui entretenait une liaison avec le jeune poète Saint-Lambert, meurt en couches. Voltaire décide alors de répondre à l'invitation de Frédéric II, et part pour la Prusse.

Les séjours en Prusse et en Suisse: engagement et polémique

Voltaire demeure cinq ans au château de Sans-Souci. Idyllique de prime abord, cette coopération quelque peu inopinée entre un homme de pouvoir et un homme de lettres, qui laissait présager de grandes réalisations, tourne court rapidement. Finalement les deux hommes se brouillent, et Voltaire doit quitter l'Allemagne; la France lui refusant l'asile, il s'installe à Ferney, près de Genève. Là encore, Voltaire ne peut jouir longtemps de son séjour en paix: en effet, les autorités genevoises n'apprécient pas l'article « Genève » de l'Encyclopédie, qu'il est censé avoir inspiré et qui contient des critiques sévères contre la République et la religion calviniste. À ce propos, puis au sujet de la Providence, Voltaire est pris à parti par un autre philosophe, Jean-Jacques Rousseau, avec lequel il entretient une correspondance assez virulente (dont les Confessions de Rousseau rendent compte de la manière la plus partisane).

Ainsi, les années 1750 sont pour Voltaire des années de combat, de polémique, de questionnement et d'engagement. Il décide de traiter de la question de l'optimisme après avoir lu les thèses des Essais de théodicée du philosophe allemand Leibniz: selon ce dernier, le postulat de la perfection divine implique nécessairement que tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles. Or, la tragique nouvelle d'un tremblement de terre à Lisbonne (1755), qui a fait vingt-cinq mille morts, émeut profondément Voltaire; elle le pousse à attaquer les tenants de l'optimisme dans son Poème sur le désastre de Lisbonne (1756). Dans la même lignée, l'Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (1756) puis, dans un registre narratif, Candide ou l'Optimisme (1759) sont portés par son indignation devant l'intolérance, les crimes, les guerres et l'oppression qui accablent l'humanité.

Retiré sur sa terre de Ferney, Voltaire y poursuit son œuvre de réflexion avec le Dictionnaire philosophique portatif (1764). Le choix de la forme du dictionnaire illustre bien l'ambition des Lumières d'embrasser la totalité des connaissances humaines. Le projet rationaliste de réfuter la « fable » de l'Ancien et du Nouveau Testament, qui est à l'origine de celui du Dictionnaire philosophique, s'enrichit rapidement d'articles défendant les idées de progrès, de justice et de tolérance. Défenseur de la justice dans ses textes, Voltaire l'est aussi dans ses actes, puisqu'il intervient publiquement dans toutes les affaires où sévissent la force de l'injustice et la violence des préjugés. En 1756, il prend fait et cause pour l'amiral anglais Byng, exécuté pour avoir perdu une bataille. De 1762 à 1764, il défend Calas, un huguenot condamné sans preuves pour avoir tué son fils. Le Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas (1763) est une protestation contre l'injustice faite à l'accusé et contre le fanatisme d'une accusation née de la rumeur et de la haine. Ce texte de Voltaire a eu d'ailleurs une influence décisive sur la révision du procès et sur la réhabilitation de Calas .

La réputation du philosophe est alors immense et internationale. Des écrivains, des philosophes, des savants viennent lui rendre visite à Ferney, ou entretiennent une importante correspondance avec lui. Pourtant, son retour à Paris en 1778, l'année de sa mort, ne lui permet pas d'être reçu à Versailles.

Il est enterré presque clandestinement, l'Église lui ayant refusé des obsèques. Treize ans plus tard, sa dépouille est transférée au Panthéon.

La diversité de son œuvre - théâtre, poésie, conte , ouvrages philosophiques - et son étendue dans le temps - plus de cinquante ans - font de lui le symbole même de son siècle. De la variété des sujets et des genres qu'il a abordés se dégage pourtant une solide unité; l'œuvre de Voltaire est tout entière la manifestation d'une pensée de philosophe, celle d'un homme qui s'interroge sur la destinée et sur la société, et d'un homme qui se bat pour ses idées. Car, pour Voltaire, il ne doit pas y avoir de différence fondamentale entre la pensée et l'action: l'écriture est en effet une arme mise au service des causes qu'il défend et, chez lui, le plaisir du conteur est toujours subordonné au désir de diffuser ses idées et de convaincre.

L'exil en Angleterre

Alors que Voltaire travaille pour la cour et qu'on le donne déjà pour un respectable auteur de comédies et de tragédies, il tourne en ridicule le chevalier de Rohan, ce qui lui vaut la bastonnade. Il pense laver son honneur par un duel, mais on l'embastille quelques jours avant de lui permettre de partir pour l'Angleterre, où il reste trente mois. Il apprend alors l'anglais et l'écrit un an plus tard (Essay upon the Civil Wars of France and also upon the Epic Poetry of the European Nations from Homer down to Milton). George II le pensionne, et, en homme d'affaires averti, Voltaire accroît considérablement sa fortune: le commerce anglais a des charmes indéniables; la philosophie et la littérature aussi: Locke, Newton, Shakespeare.

Cirey ou la retraite studieuse

Parti d’Angleterre en 1728, il retrouve Paris en mars 1729. ses deux tragédies Brutus (1730) et Zaïre (1732), sont des succès. Il fait alors la connaissance d’Emilie du Châtelet, femme géomètre, philosophe et libre, et restera avec elle durant quinze années. Durant cette période, il part se réfugier chez sa maîtresse, à Cirey, où il vivra une immense aventure intellectuelle et sentimentale. Il écrit des lettres par centaines, en particulier à Frédéric II de Prusse. Enfin, il provoque ses contemporains et son poème Le Mondain le condamne à s’exiler un moment en Hollande.

La faveur de la cour de France

Profitant de l’ascension des frères d’Argenson en politique, Voltaire gagne les faveurs de la cour de France et est nommé historiographe du roi en 1745. Toutefois, il gâche tout l’année suivante en publiant Memnon, histoire orientale, puis Le Monde comme il va et Zadig : c’est alors la disgrâce.

Le rêve berlinois

Parti pour Berlin après la mort de Mme du Châtelet, il y écrit Micromégas et Le Siècle de Louis XIV. En 1753, il doit quitter Berlin pour se réfugier en Suisse, avec Mme Denis, sa maîtresse depuis 1745.

L’affaire Calas

Après s’être installé à Ferney en 1758, à cheval entre la France et la Suisse, Voltaire lance, en 1762, l’affaire Calas, où il veut la réhabilitation de Jean Calas, soupçonné d’avoir tué son fils pour s’être converti au catholicisme. Le 9 mars 1765, il parvient à réhabilite le père, à l’unanimité. On y voit le combat essentiel de Voltaire : ‘écraser l’infâme’, lutter de toutes ses forces contre l’intolérance au nom de la religion naturelle.

Derniers honneurs parisiens

D’autres affaires suivront où il critiquera le fonctionnement de la justice. Toutefois, en 1778, Mme Denis parvient à convaincre Voltaire de retourner à Paris. C’est un triomphe mais un triomphe extrême au point qu’il tombe bientôt malade. Le 30 mars, il reçoit l’hommage de l’académie française, et la foule le porte en triomphe à la Comédie Française, pour la sixième représentation d’Irène, sa dernière tragédie. Il s’éteint au soir du 30 mai 1778 et est enterré à l’abbaye de Scellières, juste avant l’arrivée d’une lettre d’interdiction de l’évêque. Après la révolution, le 11 juillet 1791, il entrera en grandes pompes au Panthéon, accompagné par l’immense cortège des citoyens reconnaissants. Son épitaphe porte ces mots : ‘Il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance, il réclama les droits de l’homme contre la servitude de la féodalité. Poète, historien, philosophe, il agrandit l’esprit humain, et lui appris à être libre’.
( Azadunifr )

Bibliographie

1718 : Œdipe
1728 : La Henriade
1730 : Brutus
1731 : Histoire de Charles XII
1732 : Zaïre
1733 : Le Temple du goût , Épître à Uranie
1734 : Lettres philosophiques
1736 : Le Mondain , Épître sur Newton
1738 : Éléments de la philosophie de Newton
1740 : Zulime
1742 : Mahomet
1743 : Mérope
1747 : Zadig
1748 : Sémiramis
1751-1768 : Le Siècle de Louis XIV
1752 : Micromégas
1755 : Histoire de la guerre de 1741 , La Pucelle
1756 : Essai sur les mœurs et l'esprit des nations , Poème sur le désastre de Lisbonne
1759 : Candide ou l'Optimisme, Histoire de la Russie (Tome 1)
1760 : Tancrède
1761 : Épître à Mme Denis sur l'agriculture
1763 : Traité sur la tolérance , Histoire de la Russie (Tome 2)
1764 : Dictionnaire philosophique , Jeannot et Colin
1765 : Pot pourri , Introduction à l'essai sur les moeurs
1767 : L'Ingénu
1768 : L'homme aux quarante écus
1771 : Les Lettres de Memmius
1772 : Épître à Horace
1775 : Éloge historique de la Raison
1776 : La Bible enfin expliquée
1778 : Irène
1784 : Mémoires

( Azadunifr )

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