le siècle des lumières

Saturday, December 13, 2008

Les opéras-comiques et le théâtre de foire

Le théâtre de la foire, la comédie italienne et l'opéra-comique: Recueil de pièces choisies jouées de la fin du XVIIe siècle aux premières années du XIXe .

Le ressentiment de Le Sage contre les comédiens français et surtout la nécessité de faire subsister sa famille, l'avaient jeté depuis quelques temps dans un genre dont il s'occupa durant vingt-six années de sa vie, et qu'il avait d'abord paru dédaigner, si l'on en juge par ce qu'il dit lui-même dans le prologue de Turcaret : il s'agit des spectacles des foires Saint-Germain et Saint-Laurent. C'est à tort que Palissot regarde Le Sage comme le créateur de l'opéra-comique, et que dans les deux éditions des oeuvres de ce dernier on met en problème si ce spectacle date de l'année 1712, où parurent la pièce « d'Arlequin empereur dans la lune », par Remy et Chaillot, et celle « d'Arlequin baron allemand », attribuée par Deshoulmiers, tantôt à Le Sage, Fuzelier et Dorneval, tantôt à Le Sage seul. Sans rechercher quel fut le véritable auteur de cette dernière pièce, et en supposant même qu'elle soit de Le Sage, il est certain qu'avant 1712 les spectacles forains avaient joué des parodies et des farces en vaudevilles, soit en monologue, soit « par écriteaux » : Desboumiers en cite quatorze, dont l'une (« Sancho Pança », opéra en trois actes, par Bellavaine, fut jouée dès 1705. Il est donc clair que l'établissement de l'opéra comique ne peut être attribué à Le Sage, dont le premier ouvrage non contesté pour les spectacles forains fut « Arlequin roi de Serendib », en 1713. Ce qui a pu induire en erreur, c'est que la collection qu'il a publiée sous le titre de « Théâtre de la foire », commence par les pièces qu'il a composées. Mais s'il n'a pas été l'inventeur de ce genre, on peut dire qu'il lui a donné la forme qui lui est propre et qu'il en a été l'un des auteurs les plus féconds. Le catalogue le plus complet de ses pièces se trouve dans la « Petite Bibliothèque des théâtres », et lui attribue cent un opéras comiques, prologues et divertissements, dont vingt quatre composés par lui seul, et les autres en société, avec Fuzelier, d'Orneval, Autreau, Lafont, Piron et Fromaget. La plupart eurent une vogue étonnante, et quelques-uns obtinrent l'honneur d'être joués au Palais-Royal devant le régent. La variété de ces compositions ne pouvait manquer d'attirer la foule : mythologie, féerie, travers de la société, anecdotes du jour, tout était mis à contribution. Aucune de ces pièces n'éprouva d'échec marqué; mais nous observons que les douze dernières, qui sont presque toutes de Le Sage seul, le doyen de ces hommes de lettres, furent accueillies peu favorablement, soit que le public commençât à s'ennuyer de ce genre de spectacle, soit que l'âge eut affaibli l'imagination et la gaieté de l'auteur. On ne doit pas seulement regretter le temps que Le Sage employa à ces productions éphémères; on doit encore déplorer la peine qu'il a prise de faire imprimer la collection intitulée : « Théâtre de la foire », qui comprend la plus grande partie de ces bluettes auxquelles il aurait dû attacher moins d'importance. Nous ne partageons pas néanmoins toute la rigueur du jugement qu'en porte Laharpe : seulement nous conviendrons avec lui qu'on n'y voit point de caractères; que malgré la diversité des sujets, la variété ne s'y fait point assez sentir dans le plan, dans la marche, dans les incidents; mais nous ne dirons pas qu'il n'y a ni plaisant ni naturel. Si ce plaisant dégénère quelquefois en trivialité, c'est la faute du genre, des personnages, du temps et du lieu; et du moins les couplets ne sont point défigurés par cette afféterie, ces madrigaux, ces calembours qui font tout le mérite de certains vaudevilles modernes. Au reste, le grand nombre d'opéras-comiques que Le Sage donnait aux spectacles forains ne l'empêchait pas de se livrer à d'autres compositions.

Guzman d'Alfarache, Le Bachelier de Salamanque et autres ouvrages

Il s'était proposé de traduire l'Arioste, et il crut devoir commencer par le « Bojardo »; car la lecture de « l'Orlando innamorato » est indispensable si l'on veut lire avec intérêt « l'Orlando furioso », qui en est la suite. Son « Roland l'amoureux », publié par livraisons en 1717-1720-21, forme 2 volumes in- 12. C 'est moins une version qu'une imitation agréable et soignée de l'original. Il en a fait disparaître le mauvais goût, les inconvenances et les exagérations, mais c'est un peu aux dépens du génie et de l'enthousiasme. Le Sage était trop penseur, trop observateur pour avoir l'imagination poétique. Il ne traduisit plus de poèmes, et revint aux romans. En 1732, il publia les « Aventures de Guzman d'Alfarache », 2 vol. in-12, imitation fort abrégée et très amusante de l'ouvrage de Matthieu Aleman. La même année, il mit au jour « les Aventures de Ribert, dit le chevalier de Beauchesne », 2 vol. in-12. Ce n'est point une fiction, mais l'histoire singulière d'un capitaine de flibustiers qui fut tué à Tours par des Anglais en 1731, rédigée d'après les mémoires fournis par la veuve. En 1734, il donna les deux premières parties de « l'Histoire d'Estevanille Gonzales, surnommé le Garçon de bonne humeur », 2 vol. in- 12. C 'est encore, de l'aveu de Le Sage, une imitation de l'espagnol, d'après la « Vie de l'écuyer Obregon », par Vincent Espinel, dont on a parlé ci-dessus; mais il n'en a pris que quelques traits, tels que l'aventure du nécromancien démasqué. Ce roman, modelé sur « Gil Blas », en rappelle parfois la gaieté, l'esprit et les situations; cependant il est moins varié, moins fortement dessiné, et les deux dernières parties sont fort inférieures aux précédentes. Le Sage, en vieillissant, paraissait néanmoins redoubler d'ardeur et de fécondité. En 1735, il publia « Une journée des Parques », in-12, dialogue plein de sel, de philosophie, de pensées fortes et hardies, rendues avec une vigueur étonnante. La même année, il compléta « Gil Blas ». Il fit aussi représenter, au Théâtre-Italien, le 21 novembre, et devant la cour le 26 du même mois, « Les Amants jaloux », comédie en trois actes et en prose, imprimée en 1736, in-12. Cette pièce eut peu de succès; on en trouva, dit d'Origny, l'intrigue trop compliquée, l'action confuse, les scènes trop peu filées, les motifs trop peu développés, et (ce qu'il y a de plus étonnant), le dialogue trop serré, le style trop concis. Nous n'y avons rien vu qui puisse justifier cette espèce d'éloge ou qui nous ait paru digne de l'auteur de « Turcaret ». Il l'a désavouée indirectement en ne l'insérant pas dans son « Théâtre »; et si elle est réellement de lui, on est fâché que l'anonyme ait été levé après sa mort par les frères Parfaict. En 1736 et 1738, Le Sage fit jouer ses quatre derniers opéras-comiques, et donna « Le Bachelier de Salamanque », 2 vol. in-12., regardé par Laharpe comme le plus médiocre de tous ses romans. En accordant qu'il est plus pauvre d'invention, nous ne convenons pas qu'il roule « tout entier » sur les désagréments du métier d'instituteur : cette matière en fait à peine la cinquième partie. Moins plaisant, moins épisodique (et en cela plus intéressant peut-être) que les autres romans de Le Sage, celui-ci se distingue par une teinte plus sombre et plus mélancolique; on y reconnaît d'ailleurs cette marche simple, ce style dégagé de sentences, et de prétentions qui caractérisent l'auteur. On a dit, et nous croyons sans peine, que Le Sage avait une prédilection marquée pour cet ouvrage, le dernier de ses romans et le fruit de sa vieillesse. Il en a pris aussi quelques idées dans les inépuisables « Relations de l'écuyer Obregon ». En cessant de composer des romans et des pièces de théâtre il ne renonça pas à écrire, mais il s'exerça dans un genre plus facile et plus proportionné à ses forces. En 1740, il publia, sous le voile de l'anonyme, « La Valise trouée », 1 volume in-12, où, dans un cadre assez simple, il a renfermé une trentaine de lettres qu'il suppose écrites par divers personnages sur différents sujets satiriques; ce sont autant d'esquisses ou d'extraits d'un roman de caractère. Enfin, en 1743, il donna un « Mélange amusant de saillies d'esprit et de traits historiques des plus frappants », 1 vol. in-12. La plupart de ces anecdotes, alors nouvelles ou peu connues, n'ont rien de piquant aujourd'hui.

Le mode de vie de Le Sage jusqu'à sa mort

Le Sage travaillait beaucoup et soignait tous ses ouvrages. Des moeurs pures, le goût de l'étude, de vrais amis, une femme qui, remplie d'attentions pour lui et de tendresse pour ses enfants, le secondait dans leur éducation; enfin, toutes les jouissances que procurent la littérature et la paix d'un bon ménage : telle fut longtemps la vie de cet auteur; mais sa vieillesse ne fut pas exempte de chagrins. Il avait eu trois fils et une fille : quand il fallut songer à les établir, l'aîné, qu'il destinait au barreau et qui avait même plaidé quelques causes avec succès, se fit comédien, et se rendit célèbre dans la suite sous le nom de « Montménil ». Le troisième choisit la même profession; c'était celle pour laquelle Le Sage avait le plus d'aversion. Il fut dédommagé de ces contrariétés par la tendresse constante de sa fille, et par la conduite exemplaire du second de ses fils, qui, ayant embrassé l'état ecclésiastique, avait obtenu un canonicat à Boulogne-sur-Mer. Le Sage avait cessé de voir Montménil; mais lorsque cet auteur eut acquis de la réputation, il le reçut en grâce, soit que leur réconciliation se fût opérée à Boulogne par l'effet d'une ingénieuse et touchante médiation du chanoine Le Sage, soit que des amis communs ayant entraîné le vieillard au Théâtre-Français, il y vit son fils dans « Turcaret », l'applaudit en pleurant de joie, l'embrassa et lui rendit toute son affection. Ce qu'il y a de sûr, c'est que Montménil devint le plus intime ami de son père. Lorsque cet acteur était au théâtre, Le Sage allait passer la soirée dans un café de la rue Saint-Jacques, voisin de sa demeure. On y faisait cercle autour de lui, on montait sur les chaises, sur les tables pour l'écouter et pour applaudir la justesse, la clarté, la variété de son élocution, relevée par un organe sonore. La mort de ce fils chéri, l'espoir, le soutien de sa vieillesse, fut pour lui un coup de foudre. Sur la fin de 1743, il se retira à Boulogne, avec sa femme et sa fille, auprès de son fils le chanoine, dont les soins délicats adoucirent l'amertume d'une perte si cruelle. Il y passa ses dernières années dans un état d'affaissement assez triste. Le cours du soleil influait singulièrement sur les organes de ce vieillard : il s'animait par degrés à mesure que cet astre approchait du méridien, et il semblait alors avoir conservé la gaieté, l'urbanité de ses beaux ans et la vivacité de son imagination; mais au déclin du jour, l'activité de son esprit et de ses sens diminuait graduellement, et il tombait bientôt dans une sorte de léthargie qui durait jusqu'au lendemain. Il mourut octogénaire à Boulogne le 17 novembre 1747. Le comte de Tressan, qui commandait alors dans le Boulonnais, se fit un devoir d'assister avec tout son état-major aux obsèques de Le Sage; et par l'éclat de cette pompe funèbre, il rendit un hommage public à la mémoire de l'un des meilleurs écrivains dont la France s'honore. Sa veuve lui survécut peu et mourut au même âge que lui le 7 avril 1752. Le Sage avait eu dès sa jeunesse des symptômes de surdité. On voit dans le prologue de « Turcaret » qu'à cette époque il n'entendait déjà que très difficilement. Il devint bientôt tellement sourd qu'il faisait usage d'un cornet acoustique. Cette infirmité fut, dit-on, la principale cause qui l'empêcha d'être reçu à l'Académie française, quoiqu'il y eût plus de titres que la plupart de ceux qui en faisaient alors partie. L'un d'eux, Danchet, plus recommandable par ses qualités sociales que par ses écrits, sollicita souvent son vieil ami de se mettre sur les rangs; mais la franchise et l'indépendance du caractère de Le Sage ne pouvaient se plier à des démarches d'étiquette auprès de certains personnages dont il avait tracé des portraits satiriques trop ressemblants. Quoiqu'il joignit aux vertus domestiques la plus sévère probité, la douceur de son commerce n'excitait point en lui cette causticité d'esprit qui perce dans tous ses ouvrages et qui dut lui attirer des détracteurs et des ennemis.

Jugements de Voltaire et autre critiques sur les ouvres de Le Sage

Voltaire a été sobre d'éloges envers Le Sage; il ne parle (« Siècle de Louis XIV ») que de son « Gil Blas », dont il loue le naturel. Cette réticence n'étonnera pas, si l'on se rappelle combien était irascible le philosophe de Ferney. L'auteur de « Gil Blas », à qui aucun travers ne pouvait échapper, s'était permis dans le « Temple de Mémoire », l'un de ses opéras comiques, de ridiculiser les admirateurs outrés d'un poète qui n'était alors connu que par les tragédies « d'Oedipe », « d'Artémire » et de «Marianne », et par le poème de « La ligne », faible et première esquisse de « La Henriade ». Les sarcasmes de Le Sage contre les comédiens lui valurent une épigramme de l'acteur Legrand; et Piron, l'un de ses rivaux aux spectacles forains, décocha quelques traits satiriques contre lui. On ne peut s'empêcher d'estimer Le Sage en lisant ses écrits, où la langue et les moeurs sont également respectées. De ce que dans ses romans et dans ses comédies il n'a presque jamais mis en scène que des fripons, on aurait tort de concevoir une idée peu avantageuse de ses principes. Rien ne prouve mieux au contraire combien il était véritablement honnête homme, car, pour s'indigner des vices de la société et pour en retracer énergiquement le tableau, il faut posséder les vertus qui leur sont diamétralement opposées. C'est pour cela que Molière a si bien peint les avares et les hypocrites. Le Sage eut avec ce grand homme un autre trait de ressemblance : comme chez lui, ses talents ne se développèrent que dans l'âge mûr et s'accrurent avec les années. Il avait environ quarante ans lorsqu'il donna « Crispin rival », « le Diable boiteux » et « Turcaret »; il en avait quarante sept quand il publia « Gil Blas », qu'il termina à soixante-sept ans; preuve que pour composer des comédies et des romans de caractère, genres qui ont entre eux une parfaite analogie, il faut moins d'esprit et d'imagination qu'une grande habitude, qui ne s'acquiert que par l'expérience, est rarement le partage de la jeunesse. L'écriture de Le Sage était aussi soignée que son style. Malgré la supériorité de ses talents et le succès de ses nombreux ouvrages, l'auteur de « Gil Blas » ne parvint jamais à la fortune. Il assure qu'il avait refusé des postes où d'autres moins scrupuleux que lui se seraient enrichis. Indifférent sur l'avenir, il fut toujours bienfaisant et libéral au sein de la médiocrité, et ne laissa d'autre héritage à ses enfants que l'exemple de ses vertus et la renommée de ses travaux.

Les différentes éditions des ouvres de Le Sage

Outre les éditions qu'il a données de ses ouvrages, il publia, avec d'Orneval, la collection intitulée : « Théâtre de la foire », 9 volumes in-12, dont nous avons fait mention. Les trois premiers volumes parurent en 1721, le quatrième et le cinquième en 1724, le sixième en 1731 et les trois derniers en 1737. Un autre neuvième volume, imprimé en 1734 et qui forme le dixième de cette édition, a été donné par Carolet et ne contient que des pièces de sa composition. En 1737, Le Sage en publia une nouvelle édition en 8 volumes in-12, dans laquelle il n'a pas compris les pièces de Carolet. En 1789, il fit imprimer son « Théâtre français », 2 vol. in-12, réimprimé en 1774. Des sept comédies qu'on y trouve, deux seulement, « Turcaret » et « Crispin rival de son maître » ont été insérées dans la « Petite bibliothèque des théâtres » et dans le « Répertoire du Théâtre-Français ».Quant aux romans de Le Sage, ils ont été très souvent réimprimés, surtout « Le Diable boiteux ». « Gil Blas » et « Le Bachelier de Salamanque ». Mais « Gil Blas » est le seul qui ait obtenu l'honneur de l'être avec le plus de luxe et de soin. Les meilleures éditions de ce roman étaient celles de Didot jeune, Paris, 1794, 4 vol. in-8°, fig. et 1801, 8 vol. in-18, fig., avant que Didot l'aîné eût donné l'édition qu'il a publiée, Paris, 1819, 3 vol. in-8°, faisant partie de sa Collection des auteurs classiques français. Cette édition, conforme à celle de 1747, qui avait été corrigée par l'auteur, est précédée du Mémoire de François de Neufchâteau dont nous avons rendu compte ci-dessus et qui est intitulé : « Examen de la question de savoir si Le Sage est auteur de Gil Blas ou s'il l'a pris de l'espagnol. » Ce littérateur distingué a, de plus, noté en marge et au bas des pages d'un exemplaire de « Gil Blas » plusieurs allusions qu'il avait recueillies dans ses entretiens avec le conte de Tressan, son compatriote, qui les tenait de la bouche même de Le Sage. Ces notes, extrêmement curieuses, peuvent servir de commentaire et de clef pour expliquer diverses anecdotes de cet excellent roman et pour en faire connaître quelques personnages sous leurs véritables noms. Une édition de « Gil Blas » a été donnée avec des notes historiques et littéraires par François de Neufchâteau, Paris, 1844, in-18. Les divers romans de Le Sage, son « Gil Blas » surtout, ont été réimprimés de nombreuses fois sans qu'il y ait lieu de signaler ces éditions, dont plusieurs sont illustrées, mais ne présentent aucune particularité digne d'intérêt. Plusieurs des romans de Le Sage ont été traduits en différentes langues de l'Europe. L'Italie possède deux traductions de « Gil Blas » : la première a eu six éditions à Venise depuis 1740 jusqu'en 1767, 6 vol. in-12, et a été réimprimée à Rome en 1788, 6 vol. in-8°, fig. Le chanoine Monti, qui en est l'auteur, a fait des suppressions à l'original, auquel il a ajouté une suite qui forme ses deux derniers volumes. La seconde traduction, plus littérale, est du docteur Crocchi de Sinne, Cotte Ameno, 1773, 4 vol. in-8°, et Londres, 1806. M . Smollett en a donné une en anglais, dont la cinquième édition est de 1782, 4 vol. in-12, fig. Les Allemands et les Hollandais ont aussi des traductions de « Gil Blas ». Celle que le P. Isla a publiée en espagnol est intitulée : « Les Aventures de Gil Blas de Santillane, volées à l'Espagne et adoptées en France par M. Le Sage, restituées à leur langue maternelle par un Espagnol zélé qui ne souffre pas qu'on se moque de sa nation », Madrid, 1787, 4 vol. petit in-4°, et 1805, 5 vol. in-12. « Gil Blas » a donné lieu à plusieurs imitations et copies, tant en France que dans les pays étrangers; mais aucune n'approche de l'original. On a deux « Gil Blas » allemands : l'un par M. Hertzberg sous ce titre : « Le Nouveau Gil Blas, ou Mémoires d'un homme qui a passé par les épreuves les plus dures de la vertu », traduit en français par C.-H. Nirel, Francfort, 1778, 2 parties, 1 vol. in-12; réimprimé à Lille. Le second est intitulé : « Le Gil Blas allemand, ou Aventures de Pierre Claus », par le baron de Kniegge; traduction française, Paris, 1789, 3 vol. in-12. Il y a aussi le « Gil Blas » anglais, ou « Hugues Trevor », par Thomas Holcroit, traduit en français, Paris, 1798, 4 vol. in-12. On a publié à Amsterdam « La Vie de don Alphonse Blas de Lirias, fils de Gil Blas de Santillane », 1754, in-12; traduite en italien, Venise, 1759, in-12, et réimprimée en 1802 sous le titre de « Suite de Gil Blas, ou Mémoires de don Alphonse, etc., ouvrage posthume de Le Sage ». Enfin on a donné « Les Trois Gil Blas ». La plus grande partie des ouvrages de cet auteur a été recueillie sous le titre « d'Oeuvres choisies de Le Sage », Paris, 1783, 15 vol., in-8°, fig., et 1810, 16 vol. in-8° fig. Cette seconde édition, plus ample que la précédente, contient de plus un catalogue des pièces qu'il a données aux théâtres de la foire, un abrégé de l'histoire de ces spectacles, « Le Traître puni », « Don Felix de Mendoce », et « Don César Ursin », comédies traduites de l'espagnol, « La Valise trouée », et « Le Mélange amusant de saillies et de traits historiques ». Mais on ne trouve dans aucune des deux éditions les « Nouvelle Aventures de don Quichotte », ni la comédie des « Amants jaloux ». La plupart des préfaces qui précédaient les éditions données par l'auteur y ont été supprimées : tout ordre chronologique dans l'arrangement des ouvrages a été interverti; et outre un grand nombre d'erreurs dans la Notice historique sur Le Sage, nous avons cru reconnaître que ces deux éditions n'ont été faites que d'après des réimpressions. On y a inséré cinquante de ses opéras comiques, choisis parmi les soixante douze que contient le « Théâtre de la foire ». Deux, imprimés en 1712 et devenus rares, n'ont été compris dans aucune collection, et vingt-sept n'ont jamais été publiée. De ces derniers, s'il faut en croire les éditeurs de la « Petite Bibliothèque des théâtres », quinze doivent se trouver dans un manuscrit in-4° de la bibliothèque de Paris, intitulé : « Pièces de Théâtre de la foire qui n'ont point été imprimées », par MM. Le Sage et d'Orneval, avec cette épigraphe ; « In memoriam carissimi amici d'Orneval, de Chasseloup scripsit, 1731, à Paris. Ce manuscrit doit contenir aussi « Arlequin prologue », suivi de « l'Arbitre des différends », comédie en trois actes, en prose, représentés l'un et l'autre sur le Théâtre-Italien en 1725; mais nous n'avons pu le découvrir au cabinet des manuscrits de la bibliothèque de Paris. Enfin, nous signalerons une édition des « Oeuvres de Le Sage », Paris, 1838, in-8°, précédée d'une notice biographique et littéraire par M. Prosper Poitevin, et contenant « Le Diable boiteux, Gil Blas, Le Bachelier de Salamanque, Guzman d'Alfarache », et deux pièces de théâtre : « Crispin rival de son maître » et « Turcaret ». Une lettre autographe et inédite de cet auteur, datée du 18 juin 1715, nous apprend qu'il s'occupa d'écrire des mémoires d'une femme nommée Petit, que ses aventures et ses voyages avaient rendue fameuse; mais par égard pour des hommes puissants, ces mémoires ne furent pas publiés.

( Azadunifr )


Théâtre de la foire
PIÈCES REPRÉSENTÉES AUX FOIRES SAINT-GERMAIN ET SAINT-LAURENT. GARNIER. 1878

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