le siècle des lumières

Monday, December 22, 2008

XVIIIème - Siècle des Lumières

Introduction

Au XVIIIeme siècle, naissait une nouvelle vague de philosophes qu'on appellera "les Lumières".Ceux-ci sont à l'origine de nouvelles idées qui influenceront les gens de l'époque...

Présentation

"Siècle des Lumières", terme qui désigne le XVIIIe siècle en tant que période de l'histoire de la culture européenne, marquée par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement de la Révolution française. L'expression était déjà fréquemment employée par les écrivains de l'époque, convaincus qu'ils venaient d'émerger de siècles d'obscurité et d'ignorance et d'entrer dans un nouvel âge illuminé par la raison, la science et le respect de l'humanité.

Les philosophes rationalistes du XVIIe siècle, tels que René Descartes et Baruch Spinoza, les philosophes politiques Thomas Hobbes et John Locke, et certains penseurs sceptiques en France comme Pierre Bayle peuvent être considérés comme les précurseurs des Lumières, bien que certains éléments de leurs doctrines qui allaient à l'encontre des conceptions empiristes et antiautoritaires des penseurs du XVIIIe siècle eussent été rejetés par ces derniers. Les découvertes scientifiques et le relativisme culturel lié à l'étude des civilisations non européennes contribuèrent également à la naissance de l'esprit des Lumières.

La plus importante des hypothèses et espérances communes aux philosophes et intellectuels de cette époque fut incontestablement la foi inébranlable dans le pouvoir de la raison humaine. La découverte de la gravitation universelle par Isaac Newton fit une impression considérable sur le siècle. Grâce à l'usage judicieux de la raison, s'ouvrait un progrès perpétuel dans le domaine de la connaissance, des réalisations techniques et des valeurs morales. Dans le sillage de la philosophie de Locke, les penseurs du XVIIIe siècle considéraient, à la différence de Descartes, que la connaissance, loin d'être innée, procédait uniquement de l'expérience et de l'observation guidées par la raison. Ils affirmaient que l'éducation avait le pouvoir de rendre les hommes meilleurs et même d'améliorer la nature humaine. La recherche de la vérité devait se poursuivre dorénavant par l'observation de la nature plutôt que par l'étude de sources autorisées telles qu'Aristote et la Bible. Par contre la plupart des penseurs des Lumières ne renoncèrent pas complètement à la religion. Ils adoptèrent plutôt une forme de déisme, acceptant l'existence de Dieu et d'un au-delà, mais rejetèrent les arcanes de la théologie chrétienne. Ils n'attaquèrent rien avec autant de violence et de férocité que l'Église, sa richesse, son pouvoir politique et sa volonté d'entraver le libre exercice de la raison.

Le XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle commence le 1er janvier 1701 et finit le 31 décembre 1800. Historiquement, il commence en septembre 1715 avec la mort de Louis XIV et se termine avec le congrès de Vienne en 1815 .Elle se caractérise, d'une part, par un fort mouvement de remise en question ainsi que par l'établissement d'une plus grande tolérance et, d'autre part, par l'affaiblissement de la monarchie, suivi de la fin de la suprématie française en Europe et du début de la prépondérance anglaise. le XVIIIe siècle en tant que période de l'histoire de la culture européenne, marquée par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement de la Révolution française. C’est aussi le siècle des lumières , le siècle qui a senti une exigence profonde de raison , de vérité ,de liberté , de clarté , dans tous les domaines et qui , même si apparemment il n’a rien changé aux formes traditionnelles de l’art et de la littérature , a préparé les esprits à la prise de conscience des “ droit de l’Homme “ .

Le XVIIIe siècle « le siècle des lumières »

Le XVIIIe siècle est appelé siècle des Lumières. Par cette métaphore le siècle cherche à consacrer, à travers l'esprit de la Renaissance et le cartésianisme du siècle précédent, le triomphe de la Raison sur les Ténèbres (l'obscurantisme et les préjugés). Les Lumières sont un phénomène européen, mais les «philosophes» français cristallisent le mieux les idées du siècle et donnent du relief à des nouvelles valeurs qui, au-delà de la Révolution française, marqueront durablement l'Europe et le monde.

Le XVIIIe siècle (1715-1800) est présenté comme le "Siècle des Lumières", métaphore qui désigne la victoire de la raison (philosophes) sur les ténèbres. C'est une affirmation fondée mais il faut savoir que les superstitions, l'obscurantisme (ignorance, faute de connaissances) règnent encore en maître sur l'ensemble de la population. Les sciences balbutient encore, même si les méthodes expérimentales se mettent progressivement en place.
Prééminence de la pensée et de l'esprit critique.

C'est l'époque des intellectuels, des philosophes (ils ont des lueurs sur tout), qui démocratisent le savoir (Cf L'Encyclopédie). Les domaines majeurs sont la philosophie et les sciences.
Ils ont la volonté de découvrir le monde (cosmopolitisme).

"On n'éclaire pas les consciences à la lumière des bûchers" (Marmontel) Sans tolérance, on ne peut pas apprendre la vérité des choses. Ce n'est pas avec la censure qu'on développe l'esprit critique.

Il est d’usage en histoire littéraire de désigner chaque grande periode par une expression qui en résume la principale caractéristique . Ainsi le XVIII siècle est connu comme « siècle des lumières » Ce terme imagé évoque à la fois un idéal intellectual et un engagement . il s’agit de connaître tous les domaines de la réalité , en ne se fiant qu’à la raison. Ces nouvelles « lumières » de l’esprit doivent alros permettre d’améliorer le sort de l’humanité en luttant contre toute forme d’injustice et d’oppression.

Le siècle des Lumières correspond fondamentalement au XVIIIe siècle en Europe, même si son début est considéré comme partant de la révolution anglaise de 1688. La philosophie des Lumières désigne le mouvement intellectuel qui s'est développé à cette période autour d'idées pré-démocratiques, telles que l'établissement d'une éthique, d'une esthétique et d'un savoir fondé sur la « raison éclairée » de l'homme. Les inspirateurs de ce mouvement se voyaient comme une élite courageuse d'intellectuels œuvrant pour un progrès du monde, transcendant les siècles d'irrationalité, de superstition et de tyrannie passés. L'ensemble de ce mouvement doit être rapproché des révolutions américaine et française, de la montée du capitalisme. Artistiquement, il correspond à la période néo-classique. On parle aussi des Lumières pour désigner les intellectuels, écrivains, philosophes emblématiques de ce mouvement de pensée.

Début du XVIIIe siècle

La question financière au coeur de la société

Lorsque Louis XIV meurt en 1715 à Versailles, il laisse à son successeur, Louis XV, une économie relativement prospère en dépit de la misère populaire, mais un Etat au bord de la banqueroute. Le dramatique « grand hiver » de 1709, qui provoque une pénurie décimant les populations européennes, a laissé place aux belles récoltes à partir de 1714. L'expansion de la marine marchande a favorisé un intense trafic avec la Chine et les ports sud-américains. Le commerce avec la Louisiane s'est développé. Après les dures années de la guerre de Succession d'Espagne, la France sort grandie sur le plan territorial. Elle possède la première armée d'Europe et ses frontières renforcées mettront obstacle, pour un siècle, à toute invasion étrangère.

Mais le royaume pèche par ses finances. De façon dramatique. Vingt ans de guerres, l'absence d'organismes de crédit dignes de ce nom ainsi que l'inefficace - et inéquitable - répartition des impôts n'ont fait qu'aggraver le déséquilibre. En 1715, les recettes fiscales ordinaires ne s'élèvent qu'à 69 millions de livres, alors que la dette constituée du royaume dépasse les 2 milliards de livres et la dette flottante les 700 millions ! C'est pour éviter la faillite de l'Etat que le régent, Philippe d'Orléans, fait appel en 1716 au financier écossais John Law. Celui-ci préconise de décourager l'épargne stérile et de stimuler l'investissement productif, qui, à terme, doit permettre d'accroître les richesses et d'éteindre la dette publique. Il met sur pied un système ingénieux de commerce par actions, mais les émissions successives de billets et les montages financiers douteux auxquels se livre l'Ecossais provoquent en 1720 la faillite du « système de Law » et la ruine de nombreux épargnants (voir encadré). Cette banqueroute jette un discrédit durable sur le billet de banque lui-même, entravant la création d'un véritable système bancaire, qui fera défaut en France jusqu'au milieu du xixe siècle. Dans le même temps, cette folle spéculation a favorisé les initiatives et est à l'origine de la croissance que connaît la France du xviiie siècle, tout en faisant le lit de la Révolution de 1789.

Si l'Angleterre prend au début du XVIIIe siècle une avance considérable, l'économie française n'est pas immobile. Des entreprises « capitalistes » voient le jour dans le textile ou les industries d'armement. Pour autant, les prérogatives dont disposent la noblesse et le clergé constituent des entraves au développement économique. La taille et la dîme, qui continuent à peser sur les revenus des paysans, les taxes et les péages (privés ou publics), qui frappent la circulation des marchandises, et les exemptions fiscales, dont bénéficient ces deux ordres privilégiés, engendrent un sentiment d'injustice dans le tiers état et la bourgeoisie autant qu'ils expliquent le déficit structurel et croissant des finances publiques. Il apparaît ainsi de plus en plus clairement que la dette publique consécutive, à partir de 1740, aux dépenses des guerres de Succession d'Autriche et de Sept Ans ne saurait être réduite à zéro par les expédients habituels - emprunts ou ventes d'offices -, mais seulement par une profonde réforme fiscale introduisant l'égalité de tous face à l'impôt. En 1749, la tentative du contrôleur général des Finances, Machault d'Arnouville, d'établir un prélèvement d'un vingtième sur tous les revenus sans distinction tourne court. Elle se heurte à la vive opposition de tous les privilégiés - clergé, noblesse, Etats provinciaux et parlementaires - qui, usant de leur droit de remontrance, refuseront l'enregistrement de l'édit de création. Cette levée de boucliers sera suivie de beaucoup d'autres jusqu'à la Révolution

Histoire et société:

Le règne de Louis XIV avait marqué l'apogée de la monarchie française; le XVIIIe siècle voit son déclin et sa chute. La Régence du duc d'Orléans se traduit par le relâchement des mœurs et aussi de l'autorité. Louis XV ne mérite plus d'être surnommé le « bien-aimé ». La France est obligée de céder l'Inde et le Canada à l'Angleterre. Les difficultés financières s'accroissent et précipitent le mouvement de contestation politique. Louis XVI tente de timides réformes, mais il se heurte à l'opposition des nobles, soucieux de leurs privilèges. L'agitation politique oblige le roi à reunir les États généraux. Le Tiers-État amorce la dynamique révolutionnaire avec la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

Sur le plan social et culturel, la Cour cesse d'être le centre du pays et la source de l'opinion. Le mouvement des idées se fait contre elle. Les salons, les cafés et les clubs sont les nouveaux foyers de la vie intellectuelle.

Les salons entretiennent le goût de la conversation brillante; ils suscitent parmi ceux qui les fréquentent, gens du monde et philosophes, une émulation d'esprit et favorisent la hardiesse de la pensée. Les plus connus sont ceux de Mme de Tencin où l'on discute des idées nouvelles, de Mme du Deffand qui encourage les Encyclopédistes et de Mme Geoffrin, célèbre dans toute l'Europe. On échange également des idées dans les cafés, dont le plus fameux est le café Procope, et dans les clubs où des esprits sérieux et soucieux de progrès s'intéressent aux problèmes politiques.
C'est l'âge des Lumières, du triomphe de l'esprit philosophique et des conquêtes de la raison. Dans tous les domaines, en effet, qu'il s'agisse de la monarchie absolue, des dogmes religieux, de la morale sociale. des sciences et de la littérature, les philosophes des Lumières vont faire de la liberté « éclairante » et « rayonnante » le mot d'ordre et le principe de leur réflexion et de leur action.

Les précurseurs

Le courant de la pensée critique et de l'esprit d'examen remonte à la Renaissance, à Rabelais et surtout à Montaigne. Dans les années finissantes du XVIIe siècle, la querelle des Anciens et des Modernes remet en question les valeurs établies. Au début du XVIIIe siècle, le rôle de Bayle et de Fontenelle fut capital dans l'avènement du mouvement philosophique.

Pierre Bayle (1647-1706) est un disciple de Descartes. Il applique à tous les domaines l'esprit critique, principale leçon du Discours de la méthode. Ainsi, il examine les idées reçues aussi bien dans les sciences que dans la morale et la religion. Citoyen de la « République des idées », il fait la guerre à l'erreur. Quant à Fontenelle (1657-1757), il se distingue par ses œuvres de vulgarisation scientifique où il expose clairement les progrès réalisés par les savants de son époque. En effet, depuis le début du siècle, la science a détrôné la métaphysique et elle exerce une influence considérable sur le mouvement des idées. La philosophie demande aux sciences expérimentales des faits contrôlés, leur emprunte méthodes et raisonnements. Fontenelle a beaucoup contribué à répandre cet engouement pour la science.

la fin du règne de Louis XIV (1700 – 1715 )

Cette époque est marquée par les intempéries terribles du mini-âge glaciaire. La famine fait rage et la littérature ne reste pas indifférente. Il n'y a pas que dans Le Petit Poucet (extrait des Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault (1697)) que les parents abandonnent leurs enfants. Les livres se vendent mal, même s'ils commencent à pénétrer les couches populaires et que les écrivains accèdent à une certaine indépendance vis à vis du financement royal. On peut considérer que Fontenelle et Pierre Bayle font partie des précurseurs des Lumières. En ce qui concerne le théâtre, la comédie est principalement représentée par Alain-René Lesage (qui fut aussi un brillant romancier) et par Jean-François Regnard même si d'autres noms comme Dancourt ou Dufresny sont aussi représentatifs de l'engouement pour le théâtre qui a lieu à Paris autour des années 1710. Pour la tragédie, on peut retenir Crébillon père qui écrivit plusieurs tragédies pendant cette période.

la Régence (1715-1723 )

En 1715, lorsque meurt Louis XIV, Louis XV devient roi à cinq ans mais il est trop jeune pour prendre le trône. La France a des dettes : recettes = 69 M. dépenses = 132 M. dette publique = 2.800 M. La Régence est assurée par Philippe d'Orléans. Le Régent donne du pouvoir au parlement et à la grande noblesse pour redresser le pays - devant les demandes excessives, Louis XV déclare " Le Roi veut être obéi ". La situation financière du royaume reste cependant désastrueuse. Le Régent soutient l’expérience audacieuse d’un Ecossais, John Law. A la mort de Louis XIV, en effet, le royaume de France connaissait deux crises, l'une monétaire, l'autre financière. Les réformes de l'économiste écossais, devenu Contrôleur général des Finances en 1720, visait à résoudre la première de ces deux crises par une augmentation de la masse monétaire en ayant recours à la création et à la généralisation du papier-monnaie. Selon le " système " de Law, l’augmentation de la masse monétaire devait produire une hausse d’activité commerciale et l’extinction progressive de la dette publique. Law va donc introduire le papier-monnaie (1716) et créer une banque privée qui deviendra Banque Royale (1718), dont le principal investissement est la Compagnie du Missippi. Les actions montent en flèche et tombent aussitôt. Des fortunes sont créées, mais beaucoup d’autres sont détruites. Ruiné, Law fuit à Bruxelles (1720), et le Régent perd beaucoup de sa crédibilité. Il meurt brusquement en décembre 1723.

Cette période du siècle est notamment marquée par une certaine libération des moeurs, par le goût croissant du luxe, par l'impiété et le libertinage. Cette partie du siècle se démarque donc des premières années du siècle où la misère et l'austérité dominaient les lieux mais le climat est instable et fluctuant, ce qui amène plusieurs pièces de théâtre et certains romans traduisant ce phénomène. Marivaux est l'un de ces auteurs qui, malgré la censure et les interdictions, trouvent le moyen de faire publier ses textes et d'être aimé du public.

Deux tendances littéraires s'affrontent en ce début de siècle. Les Anciens et les Modernes revendiquent chacun leurs critères d'écriture. D'un côté, les partisans du progrès de l'innovation en matière de création artistique, les Modernes (Fontenelle), de l'autre ceux qui s'attachent aux anciennes façon de faire de l'Antiquité, les Anciens (Boileau et La Fontaine). Cette querelle souligne un changement important dans les mentalités. La Raison, l'esprit et le refus de la tradition vont faire naître des textes révolutionnaires qui attaquent directement l'Église (très forte à cette époque) et les institutions.

UN MOUVEMENT COSMOPOLITE

La France constitue l’épicentre de la pensée des Lumières. Le philosophe politique et juriste Charles de Montesquieu en est l’un des premiers représentants : après plusieurs œuvres satiriques sur les revers de la civilisation occidentale, il publie son étude monumentale, De l’esprit des lois (1748). Denis Diderot, auteur de quantité de pamphlets philosophiques, entame pour sa part la publication de l’Encyclopédie (1751-1772). Cette œuvre ambitieuse, à laquelle collaborent de nombreux philosophes, est conçue à la fois comme une somme de toutes les connaissances et comme une arme polémique — et politique. Voltaire est le plus influent et le plus représentatif des écrivains français de cette période : auteur dramatique et poète à ses débuts, il devient célèbre pour ses nombreux pamphlets, ses essais, ses satires, ses contes philosophiques et pour son immense correspondance avec des écrivains et des monarques de toute l’Europe. Les œuvres de Jean-Jacques Rousseau, notamment Du contrat social (1762), Émile ou De l’éducation (1762) et les Confessions (1782 et 1789, parutions posthumes), exercent également une profonde influence sur la pensée politique et sur la théorie de l’éducation, en même temps qu’elles donnent une impulsion au romantisme du XIXe siècle.
Le mouvement intellectuel des Lumières se distingue par son caractère profondément cosmopolite et antinationaliste. Emmanuel Kant en Allemagne, David Hume en Écosse, Cesare Beccaria en Italie et Benjamin Franklin et Thomas Jefferson dans les colonies britanniques d’Amérique, entretiennent tous d’étroits contacts avec les philosophes français, tout en collaborant eux-mêmes activement au mouvement.

Une vie intellectuelle à l'échelle européenne

Extension des frontières vers l'Est (Pologne, Russie,...) - déplacement des centres d'intérêt de la Méditerranée au Nord de l'Europe. La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont conquis une réelle avance économique et culturelle.

C'est un siècle cosmopolite multiplication des échanges. Voltaire fait connaître à la France le régime anglais (monarchie éclairée). Les chercheurs des grandes capitales (Paris, Londres, Berlin) diffusent l'essentiel de leurs travaux dans des publications (grand développement de la presse). Dans ce cadre, la France a un certain prestige. C'est l'époque des cafés, des salons (bar le Procope).

La langue française est à la mode et est utilisée par les savants, les cours royales (cour tsariste). Il y a donc des relations privilégiées entre les personnes de différents états européens. De même, l'art français est imité.

Une classe intellectuelle : les gens de lettre

Les conditions de l'homme français. La vie intellectuelle intense fait se côtoyer écrivains, savants, grands seigneurs dans les salons, sociétés, club,...(en particulier à partir de 1780).
L'homme de lettre défend la raison, les sentiments, la nature, les progrès, le déisme, le pacifisme. Cependant, les intellectuels ne sont pas reconnus (à cause de la monarchie de droit divin - et la censure); le droit à la propriété littéraire n'arrivera qu'avec la Révolution.

Les deux versants du siècle

De nouvelles valeurs apparaissent : l'idée de bonheur et de progrès se font jour progressivement. Première moitié du siècle : établissement des bases qui doivent conduire au progrès (ex : Montesquieu : L'esprit des lois ; Voltaire : L'histoire de Charles XII). Ces deux écrivains sont des fondateurs dans les domaines politiques et historiques.
1750 : l'émergence de L'Encyclopédie engendre un tournant  apparition de nouvelles formes littéraires : le drame met en scène les bourgeois et le roman fait une peinture de la vie privée.
Les frontières entre les différentes formes d'activités intellectuelles tendent à s'effacer (littérature, arts).

Un siècle de contradiction

Une dualité entre raison et sensibilité. Deux orientations littéraires qui ne se partagent pas distinctement dans le siècle. Exemple : Denis Diderot (Jacques le Fataliste, LaReligieuse, fondateur de l'Encyclopédie) est un matérialiste qui veut de l'ordre. Or, l'auteur du "Neveu de Rameau" (musicien célèbre de l'époque) exprime la personnalité complexe passionnée et passionnante de Diderot (il y a un parallèle entre le neveu et lui)  refus d'une simplification rationnelle de leurs œuvres par les écrivains eux-mêmes. En effet, l'homme peut comprendre l'univers aussi bien par la raison que par la sensibilité. Il y a deux voies dans la sensibilité :
- celle de la douceur du bonheur de la nature (ex : Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre, en 1788).
- celle de la perversion et du libertinage (Les Liaisons Dangereuses, par Laclos en 1782).

Manifestations de l'esprit philosophique

Caracterisé par une entière confiance dans la raison humaine chargée de résoudre tous les problèmes et par une foi optimiste dans le progrès, l'esprit philosophique est un nouvel humanisme. Alors que la philosophie traditionnelle est avant tout orientée vers la théorie et l'abstraction, la philosophie, au XVIIIe siècle, s'intéresse essentiellement aux problèmes d'ordre politique, social et religieux. Prenant pour seul guide la raison, le philosophe considère que le droit de regard s'étend à tous les domaines, en vue de construire un monde éclairé. Ainsi, dans les sciences, la méthode expérimentale devient le critère de toute pensée juste. En politique, la monarchie absolue est remise en question au profit de systèmes politiques démocratiques. Les privilèges de la noblesse et du clergé sont contestés et les principes de liberté et d'égalité sont hautement proclamés. En religion, la plupart des philosophes croient en l'existence d'un Dieu créateur et moteur de l'univers mais ils rejettent les dogmes religieux qu'on ne peut prouver rationnellement et dénoncent toutes les formes de l'intolérance.
L'action des philosophes prend l'aspect d'un combat pour faire aboutir de grandes revendications humaines. Toute personne a droit à être reconnue au-delà des différences superficielles de pays et de race. Dans le Livre XV de L'Esprit des Lois, Montesquieu fait le procès de l'esclavage. Voltaire montrera, lui aussi, dans Candide toutes les misères liées à la condition des esclaves. La liberté de croyance et d'expression doit être reconnue et codifiée dans la constitution. Les philosophes dénoncent, par ailleurs, tous les procédés qui sont un défi à la raison, et donc une négation de la civilisation, en particulier, la guerre et la torture.

UNE MÉTHODE DE PENSÉE

Plus qu’un ensemble d’idées déterminées, les Lumières relèvent d’une attitude, d’une méthode de pensée. Selon Emmanuel Kant, le mot d’ordre du siècle doit être « ose savoir » : le désir de réexaminer et de remettre en question toutes les idées et valeurs reçues, d’explorer de nouvelles idées dans des directions différentes, doit être permanent.

Cette démarche d’ouverture délibérée à tous les champs de la connaissance n’est pas sans provoquer incohérences et contradictions dans les écrits des penseurs des Lumières. Ceux-ci ne sont pas tous philosophes à proprement parler ; ils sont plutôt des vulgarisateurs qui s’engagent à diffuser des idées nouvelles. Ils se plaisent à se qualifier de « parti de l’humanité » et, pour s’attirer les faveurs de l’opinion publique, écrivent des pamphlets et des tracts anonymes et rédigent des articles pour des revues et des journaux fraîchement créés.

Les idées défendues par les philosophes des Lumières

LA LIBERTE : « Les hommes naissent tous libres. C'est le plus précieux de tout les biens que l'homme puisse posséder. Il ne peut ni se vendre ni se perdre. » (d'après un article dans l'encyclopédie). Ils sont aussi pour la liberté d'expression, car il y a la censure qui l'interdit (aucune critique n'est permise à ce temps...). Pour plus de détails, cliquez sur la rubrique des extraits de l'Encyclopédie, dans l'article "autorité politique".

LA RAISON : C'est le moyen d'acquérir des connaissances. Quesnay dit : « la raison est à l'âme ce que les yeux sont au corps: sans les yeux, l'homme ne peut jouir de la lumière, et sans la lumière, il ne peut rien voir ».

LA TOLERANCE : D'après Voltaire, on doit respecter la liberté et les opinions sociales, politique et religieuses d'autrui.

L'EGALITE : D'après Rousseau, « être libre, n'avoir que des égaux est la vrai vie, la vie naturelle de l'homme. Les hommes naissent égaux ». En ce temps la, en France, on naissait à inégalité car il y a une société d'ordre (Noble, Clergé, Tiers-états.) Voir aussi la rubrique des extraits de l'Encyclopédie, dans l'article "égalité".
LE PROGRES : ils sont pour le progrès de la société et pour l'innovation, le commerce…

Par exemple, durant le siècle des lumières, il y a eu l'invention du thermomètre, du microscope, des cartes précises pour la géographie grâce aux maths…Bref, toute la science évolue.
Les philosophes critiquent les abus de pouvoir, c'est pourquoi il veulent LA SEPARATION DES POUVOIRS: : Montesquieu, écrit dans « De l'esprit des lois » , en 1748, qu'il est utile de séparer les 3 pouvoirs, donc qu'ils ne soient pas concentrés dans les mains d'une seule personne, afin d'éviter toute tyrannie.

Ils sont pour le REJET LA MONARCHIE DE DROIT DIVIN mais ils restent généralement favorable à un régime monarchique. Mais ils ne sont pas pour une démocratie, sauf dans le cas de Rousseau.

Projets de société et littérature engagée

À partir de 1734, Montesquieu considère qu'il a accumulé une expérience et une documentation suffisantes pour réaliser dans toute son ampleur, son ambition de penseur politique: il se consacre à l'œuvre de sa vie. L'Esprit des Lois (1748), où il établit un modèle de système politique fondé sur l'équilibre, la modération et la séparation des pouvoirs. S'il garde généralement la sérénité du savant, l'auteur ne cache pas ses préférences, au contraire, il marque constamment son mépris pour le despotisme et dénonce avec vigueur tous les abus.
Quant à Voltaire, il s'illustre quasiment dans tous les genres littéraires et son œuvre monumentale porte le sceau de son engagement. Dans les Contes, le Traité sur la Tolérance et le Dictionnaire philosophique, notamment, il dénonce les maux majeurs qui entravent la marche du progrès et le bonheur des hommes. Pour lui, l'adversaire des philosophes le plus dangereux et le plus détesté, c'est le fanatique, qu'il appelle également « l'Infâme ».

D'autres philosophes ont exercé une influence considérable sur leurs contemporains. C'est le cas de Rousseau qui fait le procès de la civilisation dans les deux Discours préférant à celle-ci l'état de nature. Dans son ouvrage, Du Contrat social, il examine les conditions d'un nouveau pacte social fondé sur le respect des droits naturels à l'égalité et à la justice.
L'esprit philosophique trouve son expression la plus achevée dans L'Encyclopédie (Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers), grande œuvre collective destinée à diffuser les Lumières. La direction de l'entreprise est confiée à Diderot qui lui consacre, pendant vingt ans, une grande partie de son activité. Diderot, aidé de toute une équipe de collaborateurs, parmi lesquels on trouve le mathématicien D'Alembert, Montesquieu, Voltaire et Rousseau, conçoit pour cette œuvre un dessein vaste et original; d'abord dresser un tableau des connaissances scientifiques et techniques, et ensuite faire de l'ouvrage une arme de la lutte philosophique. Le retentissement des dix-sept volumes de l'Encyclopédie fut considérable et les derniers volumes, parus en 1772, s'achèvent sur un acte de foi dans l'avenir de l'humanité.

Ainsi, ce tourbillon des idées a affecté les différents genres littéraires. Il a même favorisé l'éclosion de nouveaux genres tels le discours, le dictionnaire, le conte philosophique. Vers 1780, la comédie avec Beaumarchais s'inscrit dans ce mouvement de contestation. Dans le Barbier de Séville (1775) et le Mariage de Figaro (1784) le mouvement et la verve du dialogue vont de pair avec la violence de la satire des mœurs et les allusions hardies à l'actualité.

Le théâtre du XVIIIe siècle

L’influence des grands dramaturges du « siècle de Louis XIV » persiste sur la scène de la Comédie-Française mais des renouvellements apparaissent avec les tragédies de Voltaire (1694-1778) qui introduit des sujets modernes en gardant la structure classique et l’alexandrin (Zaïre, 1732, Mahomet, 1741) et qui obtient de grands succès. Néanmoins la censure est toujours active comme en témoignent, sous Louis XVI encore, les difficultés de Beaumarchais pour son Mariage de Figaro.

La libération des mœurs de la Régence apporte un autre renouvellement du théâtre avec le retour, dès 1716, des Comédiens-Italiens chassés par Louis XIV et le début d’une très grande vogue du spectacle théâtral : on se presse pour admirer des acteurs réputés (Lélio, Flaminia, Silvia…) et rire des lazzi et du dynamisme des personnages issus de la commedia dell'arte comme Arlequin, Colombine ou Pantalon. C’est dans cette lignée que trouve place Marivaux (1688 -1763) avec ses comédies qui associent la finesse de l’analyse du sentiment amoureux et la subtilité verbale du marivaudage aux problèmes de société en exploitant le thème emblématique du couple maître-valet. Les Fausses Confidences (1737), le Jeu de l'amour et du hasard (1730), ou l'Île des esclaves (1725) constituent quelques-unes de ses œuvres majeures.
Regnard et Lesage (1668-1747) ont eux aussi marqué la comédie de mœurs avec le Légataire universel (Regnard, 1708) et Turcaret (Lesage, 1709), mais l’autre grand auteur de comédies du siècle est Beaumarchais (1732-1799) qui se montre habile dans l’art du dialogue et de l’intrigue mais aussi dans la satire sociale et politique à travers le personnage de Figaro, valet débrouillard qui conteste le pouvoir de son maître et qu’on retrouve dans deux œuvres majeures : le Barbier de Séville (1775) et le Mariage de Figaro (1784).

Le théâtre du XVIIIe siècle est marqué aussi par des genres nouveaux, aujourd’hui considérés comme mineurs mais que reprendra et transformera le XIXe siècle, comme la comédie larmoyante et le drame bourgeois qui mettent en avant des situations pathétiques dans un contexte réaliste et dramatique qui touchent des familles bourgeoises. Quelques titres explicites : le Fils naturel (Diderot, 1757), le Père de famille (Diderot, 1758), le Philosophe sans le savoir (Sedaine, 1765), la Brouette du vinaigrier (Louis-Sébastien Mercier, 1775) ou encore la Mère coupable (Beaumarchais, 1792).

Mentionnons enfin le développement de genres qui associent texte et musique comme le vaudeville ou l’opéra comique ainsi que des textes de réflexion sur le théâtre avec Diderot et son Paradoxe sur le comédien, les écrits de Voltaire pour défendre la condition des gens de théâtre toujours au ban de l’Église et les condamnations du théâtre pour immoralité par Rousseau

Le roman du XVIIIe siècle

Le roman du XVIIIe siècle est marqué par le renouvellement des formes et des contenus qui préfigurent le roman moderne considéré comme une œuvre de fiction en prose, racontant les aventures et l’évolution d’un ou de plusieurs personnages. Le genre, en pleine croissance avec un lectorat élargi, est marqué par le développement de la sensibilité, par le souci du réalisme (avec le procédé du manuscrit trouvé, l’emploi de la première personne, de l’échange épistolaire ou des dialogues) et par l’esprit des Lumières en prenant en compte les valeurs nouvelles d’une société qui évolue. L’influence la littérature anglaise est également sensible à travers la traduction des œuvres de Richardson, Swift ou Daniel Defoe.

Le roman de ce siècle très riche explore toutes les possibilités romanesques : question du narrateur, éclatement du récit, engagement, analyse psychologique minutieuse, peinture réaliste du monde, imagination et confidence, apprentissage, souci de la forme… et les textes sont difficilement réductibles à des catégories indiscutables ; on peut cependant risquer un regroupement par sous-genre.

• Les romans philosophiques : on peut discuter le genre des œuvres narratives de Voltaire comme Zadig (1747) ou Candide (1759) mais l’appellation la plus fréquente aujourd’hui est « contes philosophiques ». La discussion est plus pertinente pour l'Ingénu, plus tardif (1768), qui s’éloigne du merveilleux et introduit une large part de réalisme social et psychologique.

• Les romans réalistes : l’association du réalisme social et du parcours amoureux s’installe au cours du siècle. Citons les romans-mémoires la Vie de Marianne (1741) le Paysan parvenu (1735) de Marivaux, Manon Lescaut (1731) de l’abbé Prévost (1697-1763), le Paysan perverti (1775) et son deuxième volet La paysanne pervertie (1784), roman épistolaire de Restif de la Bretonne (1734-1806)1. On peut aussi déterminer un sous-genre né de l’influence espagnole : le roman picaresque avec sa truculence satirique, sa variété des milieux sociaux et l’apprentissage de la vie et qu’illustre l’Histoire de Gil Blas de Santillane (1715-1735) de Lesage (1668-1747).
• Le roman d’imagination est, pour sa part, représenté par des romans d’anticipation comme l’An 2440 de Mercier (1771) ou des romans fantastiques comme le Diable amoureux de Jacques Cazotte (1772).

• Les romans libertins associent grivoiserie, érotisme, manipulation et jeu social avec Crébillon fils (le Sopha, 1745), Diderot (les Bijoux indiscrets, 1748 ; la Religieuse, 1760-1796) ; Laclos (les Liaisons dangereuses, 1782) et finalement Sade (Justine ou les Malheurs de la vertu, 1797).
• Les romans du sentiment s’imposent dans la deuxième moitié du siècle avec la Nouvelle Héloïse (1761), le roman par lettres de Jean-Jacques Rousseau (sur le modèle anglais du Pamela de Richardson) qui sera le plus gros tirage du siècle en séduisant par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature, ou Paul et Virginie (1787) de Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814).

• Les romans « éclatés » comme Jacques le fataliste et son maître (1773-1778) ou le Neveu de Rameau (1762-1777) de Diderot sont des œuvres assez inclassables mais porteuses de modernité.

La poésie du XVIIIe siècle

Si la forme versifiée est utilisée avec habileté par Voltaire dans son Poème sur le désastre de Lisbonne ou dans le Mondain, la poésie, au sens commun du terme, ne se libère pas des influences du classicisme et l’histoire littéraire ne retient que quelques noms comme ceux de Jacques Delille (1738-1813) (les Jardins, 1782) ou Évariste Parny (1753-1814) (Élégies, 1784) qui préparent modestement le romantisme en cultivant une certaine sensibilité à la nature et au temps qui passe. Mais c’est essentiellement André Chénier (1762-1794) qui réussit une poésie expressive comme dans le poème célèbre de la Jeune Tarentine ou celui de la Jeune Captive (son œuvre ne sera publiée qu’en 1819, bien après sa mort tragique lors de la Terreur).
On mentionnera aussi Fabre d'Églantine pour ses chansons (Il pleut bergère) et sa participation « poétique » au calendrier révolutionnair

Autres genres du XVIIIe siècle

• La critique d’art est inventée par Diderot dans ses Salons où il explore la part de la sensibilité dans l’émotion artistique comme à propos de la poésie des ruines peintes par Hubert Robert.
• Buffon offre quant à lui une réussite littéraire intéressante avec ses écrits de vulgarisation scientifique dans son imposante Histoire naturelle, publiée avec grand succès de 1749 à 1789.
• Le discours politique et sa rhétorique peut être lui aussi d’une certaine façon considéré comme un genre littéraire avec les orateurs de talent comme Mirabeau, Saint-Just, Danton ou Robespierre qui ont marqué la période révolutionnaire.
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Vers la fin du XVIIIe siècle

Vers la fin du XVIIIe siècle, des changements importants se produisirent dans la pensée des Lumières. Sous l'influence de Rousseau, le sentiment et l'émotion devinrent aussi respectables que la raison. Dans les années 1770, les écrivains étendirent le champ de leurs critiques aux questions politiques et économiques. La guerre de l'Indépendance américaine ne manqua pas de frapper les esprits. Aux yeux des Européens, la déclaration d'Indépendance et la guerre révolutionnaire représentaient, pour la première fois, la mise en œuvre des idées éclairées et encouragèrent les mouvements politiques dirigés contre les régimes établis en Europe. Cette constitution d'Amérique devient un modèle qui sera diffusé et admiré. Cela entraîne la remise en cause de l'absolutisme.

De l'avis général, le siècle des Lumières aboutit à la Révolution française de 1789. Comme elle incarnait de nombreux idéaux des philosophes, la Révolution, dans ses phases de violence entre 1792 et 1794, discrédita provisoirement ces idéaux aux yeux de nombre de contemporains européens. Pourtant, les Lumières léguèrent un héritage durable aux XIXe et XXe siècles. Le XVIIIe siècle marqua le déclin de l'Église, ouvrit la voie au libéralisme politique et économique, et suscita des changements démocratiques dans le monde occidental du XIXe siècle. Le siècle des Lumières apparaît ainsi à la fois comme un mouvement intellectuel et une période historique marquée par des événements décisifs.

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, plusieurs chefs de file des Lumières sont emprisonnés pour leurs écrits, et la plupart d’entre eux doivent subir la censure gouvernementale et les attaques de l’Église. Les dernières décennies du siècle sont cependant marquées par le triomphe des idées des Lumières en Europe et en Amérique. Dans les années 1770, les philosophes de la seconde génération reçoivent des pensions gouvernementales et prennent le contrôle d’institutions culturelles prestigieuses. L’augmentation spectaculaire du nombre de journaux et de livres publiés garantit une large diffusion de leurs idées. Les expériences scientifiques et les écrits philosophiques sont à la mode dans de nombreuses couches sociales, même auprès de la noblesse et du clergé. Un certain nombre de monarques européens adoptent aussi quelques-unes des idées ou, du moins, du vocabulaire des Lumières. Voltaire et d’autres philosophes, qui affectionnent l’idée du roi philosophe éclairant le peuple d’en haut, accueillent avec enthousiasme l’apparition des soi-disant « despotes éclairés » : Frédéric II de Prusse, Catherine II la Grande de Russie et Joseph II d’Autriche.

Puis, vers la fin du XVIIIe siècle, des changements importants se produisent dans la pensée des Lumières. Sous l’influence de Jean-Jacques Rousseau, le sentiment et l’émotion deviennent aussi respectables que la raison. Dans les années 1770, les écrivains étendent le champ de leurs critiques aux questions politiques et économiques. La guerre de l’Indépendance américaine (1776-1783) ne manque pas de frapper les esprits. Aux yeux des Européens, la déclaration d’Indépendance et la guerre révolutionnaire représentent, pour la première fois, la mise en œuvre des idées « éclairées » et encouragent les mouvements politiques dirigés contre les régimes établis en Europe.

Le siècle des Lumières aboutit à la Révolution française de 1789. Toutefois, dans ses phases de violence entre 1792 et 1794, la Révolution discrédite provisoirement les idéaux incarnés par les Lumières. Pourtant, cette période lègue un héritage durable aux XIXe et XXe siècles : le XVIIIe siècle marque le déclin de l’Église, ouvre la voie au libéralisme politique et économique, et suscite des changements démocratiques dans le monde occidental du XIXe siècle. Le siècle des Lumières apparaît ainsi à la fois comme un mouvement intellectuel et une période historique marquée par des événements décisifs.

Conclusion:

La littérature française du XVIIIe siècle montre une grande richesse d’œuvres dans tous les genres, en associant plus qu’en opposant l’engagement des Lumières et la naissance de la subjectivité et de la sensibilité modernes. L’histoire littéraire n’a pas tout retenu mais l’originalité du XVIIIe siècle tient pour une bonne part au fait que l’expression des idées relevait encore de la littérature - ceux qu’on appelle les « Philosophes » étaient des hommes de lettres à part entière - et les créateurs ne répugnaient pas à faire de leurs romans ou de leurs pièces des œuvres de combat tout en exprimant leur personnalité et leur sensibilité dans une langue qui devenait la langue de la culture de toute l’Europe.
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Certes, le XVIIIe siècle est marqué vers 1750 par l'émergence de la sensibilité préromantique, mais c'est le rationalisme critique qui va inspirer la Révolution de 1789. Des bouleversements définitifs ont été longuement préparés par les philosophes et l'on comprend que les révolutionnaires aient tenu, dans un hommage suprême, à placer les cendres de Voltaire et de Rousseau au Panthéon, temple des bienfaiteurs de la patrie.

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MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de La Brède et de), 1689-1755


Charles de Secondat est né en 1689 au château de la Brède, près de Bordeaux. Après des études de droit, il devient conseiller au parlement de Bordeaux en 1714, puis président en 1716. Il s'intéresse aux sciences, mais le succès de ses Lettres persanes, publiées en 1721, l'attache à la littérature. Il accomplit de nombreux voyages à Paris où il est reçu dans les clubs et les salons, et est élu à l'Académie française en 1728. Voulant écrire un ouvrage politique, il fait plusieurs voyages à travers l'Europe entre 1728 et 1731 où il se documente sur les différents régimes politiques, lois et coutumes. En 1734, il compose ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, puis continue à alterner retraites dans ses terres et voyages à Paris où il fréquente les personnalités de son temps. C'est en 1748 qu'il publie anonymement à Genève son œuvre majeure, De l'esprit des lois. Celle-ci subit de vives attaques de la part des jansénistes et des jésuites, polémique à laquelle Montesquieu répondra par sa Défense de l'esprit des lois en 1750. Il meurt à Paris cinq ans plus tard.

Montesquieu est représentatif de l'esprit des Lumières en ce début de XVIIIe siècle. Il conjugue dans ses œuvres plusieurs tons : il peut être libertin dans un roman comme Le Temple de Gnide (écrit en 1725), satirique dans ses Lettres persanes, historien dans ses Considérations, mais également théoricien dans De l'esprit des lois. Mais, quelque soit la veine littéraire qu'elle suit, l'œuvre de Montesquieu est d'une grande cohérence. Elle est composée dans un langage clair et concis, avec l'art de mener le lecteur aux conclusions qui s'imposent grâce à une subtilité argumentative qui ne laisse place à aucune improvisation.

Durant les deux premières décennies du XVIIIe siècle, l'Orient est à la mode, et ce en particulier grâce à la traduction et la publication entre 1704 et 1717 des Mille et une Nuits par Antoine Galland. Les Lettres persanes s'inscrivent donc dans cette vogue et reprennent à leur compte le genre de la chronique fictive de l'étranger visitant l'Europe. Montesquieu compose ici un chef-d'œuvre qui a été à la fois un immense succès, et l'objet de condamnations officielles. Cet ouvrage sera par la suite imité de nombreuses fois sans qu'aucune de ces imitations atteigne sa subtilité et sa profondeur.

Montesquieu utilise le procédé du regard étranger pour s'en prendre aux autorités qui, telles la royauté, la papauté ou la justice, abusent de leurs pouvoirs. Le personnage du persan est dépositaire de ce regard différent qui rend compte aussi bien l'étrangeté des mœurs (Lettre XXX), que les tensions politiques inhérentes au système monarchique. À cela vient s'ajouter l'orientalisme des lettres qui relatent les événements se déroulant dans le sérail en l'absence du protagoniste. Ce procédé permet d'établir un parallèle entre deux types de gouvernement et de société. Le cas de la France et de la Perse se rapprochent ainsi jusqu'à placer le lecteur dans une situation où il est contraint de relativiser la valeur de ses coutumes et de ses institutions. Derrière la fiction se dessine une dimension sociologique que l'on retrouvera dans De l'esprit des lois. Enfin, Montesquieu écrit son roman sous une forme épistolaire. La multiplicité des points de vue permet d'individualiser chaque personnage et de nuancer la manière dont il s'exprime en fonction de celui à qui est adressée la lettre. Elle permet également de masquer certaines attaques derrière le voile de la fiction. L'allégorie des Troglodytes, qui se déroule de la lettre XI à XIV, en est l'exemple le plus célèbre. Les travers de la société y sont dénoncés en un récit qui frappe l'imagination.

Montesquieu s'est également intéressé à l'Histoire, afin d'en proposer une approche novatrice. En effet, dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, il développe l'idée d'un déterminisme historique dont l'origine est à chercher dans des facteurs aussi variés que les causes sociales, économiques, politiques, ou géographiques. On retrouve cette démarche dans De l'esprit des lois, à propos de l'étude des causes permettant de comprendre la diversité des régimes politiques en fonction des pays. Plutôt que de recenser ces différentes formes de régimes, Montesquieu fonde une véritable science politique en définissant de façon rationnelle les lois susceptibles d'instaurer un gouvernement juste. Il définit ainsi trois types de gouvernements : la république, qui trouve son fondement dans la vertu ; la monarchie, qui est fondée sur l'honneur ; et le despotisme, qui est régi par la crainte. Selon Montesquieu, le gouvernement idéal est la monarchie constitutionnelle, car il permet de diviser les pouvoirs en exécutif, législatif et judiciaire. D'autres corps intermédiaires, comme le clergé, la noblesse, et le parlement, viennent également tempérer le pouvoir. Montesquieu parvient ainsi à proposer une critique de ce qui, comme l'esclavage, s'oppose aux lois morales les plus élémentaires et universelles.

Œuvres principales :


• Lettres persanes (1721).
• Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734).
• De l'esprit des lois (1748).
• Défense de l'esprit des lois (1751).
• Arsace et Isminie (1754).

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MARIVAUX (Pierre Carlet de Chamblain de), 1688-1763

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux est né à Paris en 1688. Il passe son enfance à Riom, puis fait ses études dans la capitale. Lié à La Motte de Fontenelle, il est reçu dans le salon de Mme de Lambert. Il écrit bientôt une comédie, Arlequin poli par l'amour (1720), et plusieurs romans à titre d'amateur. Ce n'est qu'après la banqueroute de Law en 1720 que Marivaux, ruiné, se met à écrire pour vivre et devient ainsi un véritable homme de lettres. Il mène alors une intense activité littéraire. Il collabore à plusieurs périodiques et fonde un journal, Le Spectateur français, en 1721. Mais il s'impose en composant plusieurs comédies dont La Double Inconstance en 1723, L'Île des esclaves en 1725, et Le Jeu de l'amour et du hasard en 1730. Il poursuit sa production romanesque avec La Vie de Marianne (1731-1741) et Le Paysan parvenu (1734). Il fréquente les salons, et trouve en Mme de Tencin une protectrice. En 1743, il est élu à l'Académie française contre Voltaire, mais peu à peu, le ton de ses pièces passe de mode. Il écrit moins et meurt en 1763.

Depuis Molière, la comédie n'avait pas connu de véritable innovation. Marivaux lui apporte un nouveau souffle et une modernité surprenante. La plupart de ses pièces met en scène la naissance et le développement du sentiment en concentrant l'action sur le rôle joué par le langage. Le terme "marivaudage" est apparu dès le XVIIIe siècle. Il désigne le jeu parfois complexe du langage et de l'échange amoureux. Les quiproquos, les jeux de mots, ou l'à-propos des répliques sont les moyens par lesquels les personnages remettent en question leurs sentiments, ou au contraire les confirment. L'élégance et la délicatesse de la langue épousent ainsi toutes les nuances de l'évolution des sentiments, et permettent à l'intrigue de se nouer. Il y a là en substance toute la conception de l'ordre de la société du XVIIIe siècle : la vie commune, et, a fortiori, la vie sentimentale, passent par le bon usage de la langue, la manière de dire le monde, et de se dire soi-même.

C'est pourquoi, dans le théâtre de Marivaux, les amants veulent, avant de se déclarer, être certains de la sincérité de l'autre. Pour y parvenir, ils n'hésitent pas à se déguiser, à se travestir, bref à se masquer derrière un identité sociale qui n'est pas la leur, afin de percer le mystère du désir de l'autre. Dans Le Jeu de l'amour et du hasard (1730), Silvia échange ainsi son rôle avec sa servante afin de s'assurer de Dorante, qui lui est promis. Mais, de son côté, Dorante en fait de même avec son valet. L'intrigue se développe alors grâce à une série de malentendus, et s'achève par un double mariage : celui des maîtres, et celui des valets.

Empruntée à la commedia dell'arte, l'utilisation dramaturgique du masque introduit une part de machiavélisme qui transforme parfois des amants en de fins stratèges. Mais l'échafaudage de subterfuges et d'artifices ne prend jamais le pas sur la comédie. Au contraire, il est le moteur comique de certaines scènes, et, surtout, ce qui apporte aux comédie de Marivaux un autre degré d'interprétation. Derrière la légèreté du sujet des pièces et la subtilité de la langue, le spectateur découvre une peinture sociale des rapports entre maîtres et valets qui, pour l'essentiel, vise à faire comprendre à chacun que sa propre situation sociale n'est pas naturelle mais culturelle. Ainsi les pièces suscitent une réflexion sur le jeu existentiel entre l'être et le paraître. Ces éléments sont également présents dans son roman inachevé La Vie de Marianne (1731-1741). Comme dans son théâtre, Marivaux y peint la réalité de la société dans laquelle il vit, et la vérité complexe des sentiments.

Œuvres principales :


• Arlequin poli par l'amour (1720).
• La Surprise de l'amour (1722).
• La Double Inconstance (1723).
• Le Prince travesti (1724).
• L'Île des esclaves (1725).
• Le Jeu de l'amour et du hasard (1730).
• L'École des mères (1732).
• Le Paysan parvenu (1734).
• Le Legs (1736).
• Les Fausses Confidences (1737).
• L'Épreuve (1740).
• La Vie de Marianne (1731-1741).

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VOLTAIRE (François-Marie Arouet dit), 1694-1778

François-Marie Arouet est né à Paris en 1694, d'un père notaire conseiller du roi. Il fait ses études au collège de Clermont (aujourd'hui lycée Louis-le-Grand) puis, fréquente les milieux libertins plutôt que de poursuivre ses études de droit. Il compose des poèmes satiriques qui le conduisent à la Bastille en 1717 où il écrit Œdipe, tragédie qui remportera un grand succès et qu'il signe sous le pseudonyme de Voltaire. Une altercation avec le chevalier de Rohan-Chabot le conduira une nouvelle fois à la Bastille en 1725. Libéré cinq mois plus tard, il s'exile en Angleterre, où il restera jusqu'en 1729. Il y compose les Lettres anglaises ou philosophiques qui seront publiées cinq ans plus tard. De retour en France, il écrit de nouvelles tragédies (Brutus en 1730, Zaïre en 1732), ainsi que plusieurs essais critiques. Il se retire chez la marquise du Châtelet en Lorraine à l'occasion du scandale suscité par ses Lettres anglaises, et y compose son célèbre conte philosophique Zadig (1747). Grâce au marquis d'Argenson, il est nommé historiographe du roi en 1745, et bénéficie d'une brève grâce auprès de Louis XV. En 1750, il accepte l'invitation de Frédéric II, roi de Prusse, et part pour Berlin. Mais, brouillé avec son hôte, il revient en France trois ans plus tard. Il publie alors Le Siècle de Louis XIV, œuvre sur laquelle il travaillait depuis vingt ans. En 1755, il s'installe près de Genève, et participe à la composition de l'Encyclopédie, fait publier l'Essai sur les mœurs en 1756, et Candide en 1759. En 1760, il s'installe à Ferney où il séjournera jusqu'à sa mort. Ses dernières années sont marquées par une grande activité littéraire : il entretient une importante correspondance, reçoit de nombreux visiteurs, compose des pièces illustrant ses thèses philosophiques, entre dans des polémiques pour défendre ceux qu'il estime victimes d'injustices (Calas, Sirven, Lally), et enfin écrit deux ouvrages philosophiques importants, le Traité sur la tolérance (1763) et le Dictionnaire philosophique (1764). En 1778, quelques mois avant de mourir, Voltaire retourne à Paris où il est accueilli triomphalement. Il meurt le 30 mai de la même année.

Voltaire est un polygraphe. Il s'intéresse à tous les genres littéraires et les utilise pour véhiculer ses idées philosophiques. Sachant que le public auquel il s'adresse est repu de traités austères, il met en scène ses idées en les plaçant sous le signe de l'ironie et s'assure ainsi un grand succès. À ce facteur extérieur vient s'ajouter le fait que Voltaire est convaincu que l'ironie est une arme efficace permettant de dénoncer l'injustice des hommes et l'absurdité du monde.

Les œuvres de Voltaire qui lui ont survécu ne sont ni ses tragédies, ni ses poèmes, genres qui pourtant lui ont valu sa renommée. Au contraire, ses œuvres les plus lues aujourd'hui sont les petites histoires, les contes, les dialogues, les pamphlets, les lettres ou les facéties.

Outre son abondante correspondance (on recense quelque quinze mille lettres), Voltaire utilise la forme épistolaire pour critiquer publiquement la société française. Il défie la censure en procédant de façon indirecte. Ses Lettres anglaises ou philosophiques prennent le cas de l'Angleterre et traitent de religion, de politique, des fondateurs des sciences modernes (comme Bacon, Locke, ou Newton), ou encore de littérature. Mais, derrière le ton admiratif qu'il emploie pour parler de ce pays et de l'émergence d'une nouvelle société, il critique le régime politique français. Les développements sur la tolérance religieuse des Anglais soulignent a contrario l'intolérance qui sévit toujours en France. La lettre devient ainsi pamphlétaire et préfigure des ouvrages comme le Dictionnaire philosophique où Voltaire s'attaque à la métaphysique, ou le Traité sur la Tolérance, où il défend son idée de la justice.

Il a également recours à une discipline encore immature au XVIIIe siècle : l'Histoire. Son Histoire de Charles XII ou Le Siècle de Louis XIV sont soucieux d'objectivité. Voltaire reprend les documents d'archives, recherche les témoignages et inaugure ainsi une écriture moderne de l'Histoire. Mais cette démarche a, comme toujours, une implication philosophique. En soulignant le rôle des grands hommes, de l'économie et du hasard, il cherche à prouver que l'Histoire n'est pas gouvernée par une transcendance divine, mais qu'elle est au contraire une affaire humaine, qu'il nous importe de construire.

Voltaire utilise la forme narrative du conte dans un dessein analogue. Son Candide est représentatif de ce type d'œuvre. Par la fiction d'un jeune homme naïf et optimiste qui ne rencontre que des mésaventures, Voltaire s'en prend à tous les penseurs pour qui l'ordre du monde est régi par un principe supérieur. Il ne craint pas pour cela de caricaturer les thèses de ceux-ci, comme en particulier celles de Leibniz. Il cherche à mettre les rieurs de son côté. Son impertinence est sans limites, et, jusqu'à sa mort, il témoigne d'une énergie intellectuelle qui le conduira à militer en faveur de la réhabilitation d'hommes victimes d'injustices. La verve de Voltaire annonce ainsi de nombreux débats et combats d'idées ultérieurs.

Œuvres principales :

• Œdipe (1718)
• Poème de la Ligue (1723).
• Brutus (1730).
• Zaïre (1732).
• Histoire de Charles XII (1731).
• Épître à Uranie (1733).
• Le Temple du goût (1733).
• Lettres philosophiques sur l'Angleterre (1734).
• Zadig ou la Destinée (1747).
• Le siècle de Louis XIV (1752).
• Micromégas (1752).
• Essai sur les mœurs (1756).
• Candide ou l'Optimisme (1759).
• Traité sur la tolérance (1763).
• Dictionnaire philosophique (1764).
• L'Ingénu (1767).
• Irène (1778).

ROUSSEAU (Jean-Jacques), 1712-1778

Fils d'un horloger, Jean-Jacques Rousseau est né en 1712. Très tôt orphelin de mère, il est mis en pension chez le pasteur Lambercier, en Suisse, à l'âge de dix ans. Commence alors une période d'apprentissage où il multiplie les petits métiers. En 1728, il part à l'aventure en France où il est recueilli par Mme de Warens. Converti au catholicisme, il mène une vie vagabonde, avant de retrouver sa protectrice à Chambéry en 1732. C'est lors de son séjour aux Charmettes avec elle entre 1737 et 1740, qu'il se plonge dans l'étude, cultive sa sensibilité et son esprit. Mais Mme de Warens se lasse de lui, et il part tenter la fortune à Paris en 1741. Il rentre en contact avec Voltaire et Diderot qui lui commandent plusieurs articles pour l'Encyclopédie. En 1743, il accompagne M. de Montaigu, ambassadeur de France à Venise puis revient à Paris. Il fréquente les salons mais n'y brille guère en raison de ses piètres talents d'orateur. En 1745, il commence une liaison avec Thérèse Levasseur, une ancienne servante, avec qui il se mariera plus de vingt ans plus tard après avoir eu cinq enfants qu'il aura abandonnés. À l'occasion d'un concours organisé par l'académie de Dijon en 1749, il compose son Discours sur les sciences et les arts, qui, couronné, le rend brusquement célèbre. En 1752, il fait jouer Le Devin de village, opéra qui remporte un certain succès, puis l'année suivante une comédie, Narcisse. En 1754, un nouveau concours, organisé par l'académie de Dijon, lui offre l'occasion de composer un nouvel essai philosophique, le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, où il dénonce les méfaits d'une société qu'il conçoit comme étant à l'origine de tous les maux, et à laquelle il oppose l'idéal de l'état de nature. Mais ce nouvel ouvrage ne se voit pas décerner de prix. En 1756, Rousseau répond à l'invitation de Mme d'Épinay et part pour la propriété de l'Ermitage à Montmorency. Mais son caractère ombrageux le fait rapidement rompre avec Mme d'Épinay, puis avec les encyclopédistes. Il compose une violente critique du théâtre avec la Lettre à d'Alembert sur les spectacles. À partir de 1758, il fait de fréquents séjours à Montmorency chez le maréchal de Luxembourg, où il termine et publie, entre 1761 et 1762, son roman épistolaire, Julie ou la Nouvelle Héloïse, son traité de politique, Du contrat social, et son ouvrage sur l'éducation, l'Émile ou De l'éducation. Mais, quelques jours après la publication de ce dernier livre, il est poursuivi par le parlement de Paris pour le passage concernant la religion sans dogme. Il s'enfuit en Suisse, puis gagne l'Angleterre. Il mène une vie de proscrit et s'enferme peu à peu à peu dans la solitude. De retour en France en 1767, il poursuit la rédaction de ses Confessions où il se peint lui-même afin de s'autojustifier. De plus, persuadé qu'un complot se trame contre lui, il s'isole et compose, entre 1772 et 1776, trois Dialogues qui sont dans la même lignée que les Confessions. Il est accueilli en 1778 par le marquis de Girardin dans sa propriété d'Ermenonville où il achève ses Rêveries du promeneur solitaire, avant de mourir subitement.

Rousseau est un autodidacte. Sa production littéraire est variée et aborde aussi bien le genre littéraire de l'essai que ceux du roman ou de l'autobiographie. Mais elle témoigne d'une grande unité. Dès le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), l'idée centrale de sa philosophie est présente : la société dénature l'homme en le plongeant dans le règne du paraître. Pour étayer cette idée, il construit l'hypothèse d'un état de nature antérieur à toute inégalité de fait. Cette hantise du mensonge, de la tromperie et de l'hypocrisie se répercute aussi bien sur la question de l'art, de la politique, ou de la pédagogie qu'il aborde dans ses ouvrages ultérieurs.

Dans sa Lettre à d'Alembert (1758), écrite en réponse à l'article Genève de l'Encyclopédie, il condamne les représentations dramatiques qu'il tient, dans la logique de son système, comme des artifices de la civilisation qui sont contraires à la morale. Cette prise de position lui attire les foudres de ses anciens amis encyclopédistes, et en particulier celles de Voltaire, grand amateur de théâtre. Rousseau est désormais à l'écart de la société des écrivains, et c'est dans cette solitude qu'il écrit ses œuvres de maturité. Dans le Contrat social, il aborde le problème fondamental de la coexistence des aspirations individuelles et de la vie en société. Afin de le résoudre, il introduit l'idée de la volonté générale, principe qui ne rentre pas en contradiction avec la volonté du sujet puisque celui-ci, par l'établissement d'un pacte social, accepte de se soumettre à ce que la société décide collectivement. Dans l'Émile ou De l'éducation (1761), Rousseau éclaire d'un jour nouveau la question de l'éducation : la liberté de l'enfant doit être préservée afin qu'il soit capable, une fois adulte, de faire face à ses responsabilités morales. Pour cela, Rousseau préconise d'accorder une plus grande importance à l'expérimentation, et de se méfier de l'influence des livres. Ces dispositions visent une éducation selon la nature, à l'écart des méfaits de la civilisation. Rousseau développe également sa conception de la foi au chapitre IV, grâce à la fiction du vicaire savoyard : l'authentique croyance en Dieu est une religion naturelle qui refuse les dogmes. Elle est inscrite dans le cœur de l'homme, au plus près de sa sensibilité.

Cette valorisation de la sensibilité est très présente dans les écrits autobiographiques de Rousseau. Déjà à propos de Julie ou la Nouvelle Héloïse (1762), son unique roman, il reconnaît avoir inscrit, dans le récit par lettres de la passion amoureuse de Julie et de Saint-Preux, de nombreux éléments autobiographiques. Mais c'est avec les Confessions qu'il s'adonne au genre autobiographique. De plus en plus en proie à des sentiments de persécution, il multiplie les textes où il se prend comme objet d'étude. En 1761, il décide de répondre à la demande de son éditeur et compose les Confessions où il se présente sous les traits "d'un homme peint exactement d'après nature et dans toute sa vérité". Il plonge au plus profond de lui-même, s'étend sur les détails de son enfance, se raconte sans complaisance et innove, par là même, une certaine écriture du Moi.


Œuvres principales :

• Discours sur les sciences et les arts (1750).
• Le Devin de village (1752).
• Narcisse (1752).
• Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755).
• Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758).
• Du contrat social (1761).
• Émile ou De l'éducation (1761).
• Julie ou la Nouvelle Héloïse (1762).
• Lettres à Monsieur de Malesherbe (1762).
• Confessions (écrites à partir de 1765, publication posthume en 1782-1789).
• Dialogues (écrites entre 1772 et 1776, publication posthume en 1789).
•Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites entre 1776 et 1778, publication posthume en 1782).

DIDEROT (Denis),
( 1713-1784 )

Né à Langres en 1713, Denis Diderot fait ses études chez les jésuites, avant de venir étudier à Paris où il est reçu maître ès arts en 1732. Il travaille d'abord chez un procureur, mais, d'un naturel indépendant et passionné, il se tourne vers la littérature. Il se lie avec Rousseau, puis Condillac, Grimm et D'Alembert. Son esprit intempestif lui vaut quelques déboires : sa première œuvre personnelle, les Pensées philosophiques (1746), est condamnée par le parlement. Puis, en 1749, il est emprisonné trois mois à Vincennes pour sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. En 1746, le libraire Le Breton lui confie la direction de l'Encyclopédie, dont le premier volume paraîtra en 1750. Ce travail auquel il consacrera près de vingt ans de sa vie, ne l'empêche pas de continuer à écrire des ouvrages de tout genre, en particulier des récits comme le roman libertin, Les Bijoux indiscrets (1748), ou, plus tard, La Religieuse (1780) ainsi que le récit dialogué Le Neveu de Rameau qu'il achèvera en 1778. Diderot se lance dans le genre dramatique et formule la théorie du drame bourgeois dans son Discours sur la poésie dramatique (1758), qu'il illustre par deux pièces : Le Fils naturel ou les Épreuves de la vertu (1757), et Le Père de famille (1758). De 1759 à 1781, il écrit des critiques d'art en rendant compte des salons du Louvre dans La Correspondance littéraire dont son ami Grimm est le directeur. Enfin, il poursuit son activité philosophique avec, en particulier, Le Rêve de d'Alembert (1769), où une fiction lui permet d'avancer des thèses matérialistes. La correspondance qu'il entretient avec Sophie Volland qu'il a rencontrée en 1756, prend l'aspect de confidences. Cette correspondance, qui durera jusqu'en 1774, nous permet de mieux cerner le tempérament de Diderot. À la demande de la tsarine Catherine II, Diderot part pour Saint Pétersbourg en 1773, où il séjourne sept mois, comblé d'attentions. La même année, il écrit le Supplément au voyage de Bougainville, un roman, Jacques le fataliste, et un essai, Paradoxe sur le comédien. De retour à Paris en 1774, il continue à travailler pour son plaisir, mais sa production se tarit quelque peu. La bienveillance de Catherine II lui permet de vivre ses dernières années dans l'aisance. Il meurt à Paris en 1784.

L'œuvre de Diderot est une pensée en marche. À l'image de son tempérament, elle est à la fois tumultueuse, versatile, joyeuse et insatiable. Il compose dans tous les registres littéraires, exception faite de la poésie, et n'a de cesse de reprendre et d'approfondir les paradoxes. Philosophe matérialiste, Diderot s'oppose à la religion et s'enthousiasme pour la science. La Lettre sur les aveugles pose la connaissance comme provenant des sens, et fait de la question métaphysique de l'existence de Dieu un problème sans importance. Mais c'est dans l'Entretien entre d'Alembert et Diderot, et dans l'ouvrage qui lui fait suite, Le Rêve de d'Alembert, que sa doctrine se précise et témoigne d'une sensibilité scientifique qui annonce l'évolutionnisme : la matière est première, et tout l'ordre du vivant résulte de sa combinaison de plus en plus complexe.

Parallèlement à ces ouvrages philosophiques, Diderot compose des ouvrages de critique d'art et rédige des articles dans la revue les Salons. Un texte comme le Paradoxe sur le comédien, écrit sous la forme d'un dialogue, est fondateur d'une conception du jeu d'acteur : pour être parfait, le comédien doit non pas céder à l'enthousiasme, mais être réfléchi et lucide, sans quoi il ne pourra parvenir à faire ressentir l'émotion à chaque fois qu'il joue. En outre, Diderot cherche à définir un nouveau genre, le drame. Cette partie de son œuvre est aujourd'hui peu lue, mais elle a influencé de nombreux dramaturges au XIXe siècle.

Diderot a enfin composé des œuvres narratives, contes et romans, qui sont fortement influencées par des questions issues de sa philosophie, en particulier : Comment le déterminisme et la liberté peuvent-ils être conciliés ? Jacques le fataliste en est probablement l'exemple le plus emblématique : Jacques est persuadé que sa destinée est écrite, mais il agit de façon plus libre que son maître. Ce rapport entre les deux se répercute jusque dans la forme du roman qui est d'une grande modernité. Mais cette question du rapport entre déterminisme et liberté se retrouve également dans deux autres œuvres : La Religieuse, roman libertin et anticlérical, et Le Neveu de Rameau, où Diderot illustre, grâce à la fiction d'une conversation entre "lui", le neveu du musicien Rameau, et un "moi" assimilable à l'auteur, les deux tendances qui l'animent : le bohème d'une imagination débordante et d'une ironie sans pareille, et le philosophe modéré respectueux des conventions. Cette œuvre étourdissante résume à elle seule l'incroyable talent de Diderot.

Œuvres principales :

• Pensées philosophiques (1746).
• Les Bijoux indiscrets (1748).
• Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749).
• Pensées sur l'interprétation de la nature (1754).
• Le Fils naturel ou Les Épreuves de la vertu (1757).
• Le Père de famille (1758).
• Salons (publication posthume 1760).
• La Religieuse (publication posthume 1796).
• Jacques le Fataliste (publication posthume 1796).
• Le Neveu de Rameau (publication posthume1891).
• Supplément au voyage de Bougainville (publication posthume 1796).
• Lettres à Sophie Volland (publication posthume 1830)
• Paradoxe sur le comédien (publication posthume 1830).
• Le Rêve de d'Alembert (publication posthume 1830)

Direction et publication d'articles de l'Encyclopédie entre 1751 et 1772 (Aristotélisme, Tabac, Indigo, Épicurisme, Fleurs artificielles, Lutherie etc.).

Les événements qui délimitent le siècle des lumières sont la mort de Louis XIV, en 1715, et le coup d'état perpétré par Napoléon Bonaparte, le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), annonciateur de l'empire. Entre ces deux extrêmes, le siècle se décompose en plusieurs temps : d'abord la régence (1715 - 1723), puis les règnes de Louis XV (1723 - 1774) et de Louis XVI (1774 - 1791), enfin la révolution française (1789 - 1799).

La France, qui est alors le pays le plus peuplé d'Europe, connaît, pendant près de quatre-vingts ans, la paix intérieure et la prospérité économique. A mesure que l'esprit philosophique se développe, dans les salons, les cafés ou les club, l'autorité monarchique se dissout, sapée par des tentatives de réformes sans lendemain, comme par l'opposition aristocratique. Forte de sa puissance financière, la bourgeoisie d'affaires manifeste son désir d'annexer le pouvoir politique, ambition qui se concrétisera à partir de 1789.

Dans le domaine des arts, Louis XIV vieillissant voulait "de l'enfance répandue en toutes choses". Sous la régence, cette tendance à la légèreté s'accentue. Elle s'épanouit pendant le règne de Louis XV. Le goût de l'élégance, du confort, et des beaux objets se répand jusque dans les rangs de la bourgeoisie. Mais, dans la seconde moitié du siècle, les philosophes s'insurgent contre les tendances libertines de la société, auxquelles ils associent le style rocaille. Ils prônent un retour aux vertus de la Rome antique et républicaine, qui deviendront en grande partie l'idéal révolutionnaire.

Le début de l’histoire de la France moderne

1789 ( prise de la Bastille ) , 1792 ( abolition de la royauté ) et 1793 ( exécution capital de Louis XVI ) sont les dates-clés qui marqué la fin de l’Ancien France Régime et le début de l’histoire de la France moderne .

Plusieurs facteurs contribuent à la naissance et à l’évolution de cet “ esprit des lumière: absolutisme intolérant de Louis XIV , l’enrichissement de la bourgeoisie , qui demande à participer à la gestion du pouvoir , la prise de la conscience de la part de quelques de questions esprits “ éclairés “ de la misère insupportable du peuple , écrasé par la famine et les impôts , la connaissance des civilisations exotiques et “ sauvages “ l’influence de la littérature ( Richardson ) , de la philosophie ( Locke ) , de la politique ( monarchie constitutionnelle ) anglaises , le progrès des sciences ( surtout l’œuvre de Buffon , l’Histoire naturelle , de 1749 ) , la mode des voyages , la circulation des livres ( imprimés clandestinement en France ou achetés à l’étranger ) et des idées , dans les salons de quelques femmes cultivées et ouverte aux nouveautés , qui reçoivent les écrivains et les philosophies français et étrangers: Madame de Lambert , Madam du Deffand ( don’t la correspondance avec Voltaire est fort intéressante ), Madam Geoffrin , qui fiance l’Encyclopédie , Julie de Lespinasse , protectrices des encyclopédistes, Madame du Châtelet , compagne de Voltaire , et auteur d’un Discours sur le bonheur , qui reçoit dans son château de Lorraine , Madam Rolande , journaliste et auteur d’un intéressant livre de Mémoires .

( Azadunifr )