Le XVIIIe siècle « le siècle des lumières »
Le XVIIIe siècle « le siècle des lumières »
Le XVIIIe siècle commence le 1er janvier 1701 et finit le 31 décembre 1800. Historiquement, il commence en septembre 1715 avec la mort de Louis XIV et se termine avec le congrès de Vienne en 1815 .Elle se caractérise, d'une part, par un fort mouvement de remise en question ainsi que par l'établissement d'une plus grande tolérance et, d'autre part, par l'affaiblissement de la monarchie, suivi de la fin de la suprématie française en Europe et du début de la prépondérance anglaise. le XVIIIe siècle en tant que période de l'histoire de la culture européenne, marquée par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement de la Révolution française. C’est aussi le siècle des lumières , le siècle qui a senti une exigence profonde de raison , de vérité ,de liberté , de clarté , dans tous les domaines et qui , même si apparemment il n’a rien changé aux formes traditionnelles de l’art et de la littérature , a préparé les esprits à la prise de conscience des “ droit de l’Homme “ .
Le siècle des Lumières correspond fondamentalement au XVIIIe siècle en Europe, même si son début est considéré comme partant de la révolution anglaise de 1688. La philosophie des Lumières désigne le mouvement intellectuel qui s'est développé à cette période autour d'idées pré-démocratiques, telles que l'établissement d'une éthique, d'une esthétique et d'un savoir fondé sur la « raison éclairée » de l'homme. Les inspirateurs de ce mouvement se voyaient comme une élite courageuse d'intellectuels œuvrant pour un progrès du monde, transcendant les siècles d'irrationalité, de superstition et de tyrannie passés. L'ensemble de ce mouvement doit être rapproché des révolutions américaine et française, de la montée du capitalisme. Artistiquement, il correspond à la période néo-classique. On parle aussi des Lumières pour désigner les intellectuels, écrivains, philosophes emblématiques de ce mouvement de pensée.
Les limites du XVIIIe siècle
Les limites du XVIIIe siècle littéraire sont assez discutées. Le début peut se situer au début du siècle vers 1701, mais on peut aussi penser à la fin du règne de Louis XIV (1715). Pour la fin du siècle, il est légitime d'hésiter entre le bouleversement que provoque la Révolution française, en 1789, mais la prise de pouvoir de Bonaparte en 1799 constitue aussi une fin acceptable, d'autant plus que cette limite permet de prendre en compte la littérature révolutionnaire qui est souvent négligée par les manuels d'histoire littéraire. Le XVIIIe siècle commence par la fin du classicisme et par l'apparition de nouveaux courants de pensées qui aboutiront aux Lumières.On peut distinguer 4 grandes parties à ce siècle : 1700-1715; 1715-1750; 1750-1789; 1789-1799.
1715-1723 : la Régence
Philippe d'Orléans et les grands seigneurs cherchent à reprendre leurs prérogatives après l'absolutisme de Louis XIV. Une vie fastueuse se développe, dans une atmosphère de luxe et de plaisir. Mais la France est ruinée, et on recourt au système imaginé par Law. En 1720, banqueroute catastrophique à l'échelle nationale, qui fera chuter de façon drastique la confiance du pays dans l'état. Parallèlement, la noblesse de robe ( noblesse acquise par l'achat de certaines charges de justice) regroupée au Parlement, conteste le pouvoir, ce qui entraîne un durcissement des positions
1700 - 1715 : la fin du règne de Louis XIV
Cette époque est marquée par les intempéries terribles du mini-âge glaciaire. La famine fait rage et la littérature ne reste pas indifférente. Il n'y a pas que dans Le Petit Poucet (extrait des Contes de ma mère l'Oye de Charles Perrault (1697)) que les parents abandonnent leurs enfants. Les livres se vendent mal, même s'ils commencent à pénétrer les couches populaires et que les écrivains accèdent à une certaine indépendance vis à vis du financement royal. On peut considérer que Fontenelle et Pierre Bayle font partie des précurseurs des Lumières. En ce qui concerne le théâtre, la comédie est principalement représentée par Alain-René Lesage (qui fut aussi un brillant romancier) et par Jean-François Regnard même si d'autres noms comme Dancourt ou Dufresny sont aussi représentatifs de l'engouement pour le théâtre qui a lieu à Paris autour des années 1710. Pour la tragédie, on peut retenir Crébillon père qui écrivit plusieurs tragédies pendant cette période.
1715 - 1750
C'est la période des romans et pièces de Marivaux, des romans libertins (Crébillon fils), des romans de l'Abbé Prévost et des premiers contes de Voltaire .
1750 - 1789
Romans utopistes d'inspiration illuministe et rationaliste comme ceux de Tiphaigne de la Roche.
1789 - 1799 : La Révolution française
Histoire des Lumières
La fin du règne de Louis XIV est marquée par une politique d'austérité : la guerre de succession d'Espagne (1701-1713) grève lourdement les finances du royaume, la révocation de l'édit de Nantes (1685) conduit à de nouvelles persécutions envers les protestants, le jansénisme est interdit, Port-Royal détruit (1709), les troubles intérieurs comme la révolte des camisards de 1705 sont matés. Pourtant, les huit années de Régence (1715-1723) qui précèdent le début du règne de Louis XV (1723-1774) marquent un tournant. L'autorité monarchique est remise en question, et l'on assiste au développement d'une pensée et d'une économie libérales, comme en témoigne, malgré son échec, le système de Law. Une crise de conscience touche la France et annonce ce que l'on a coutume de d'appeler le temps des "Lumières". Conjointement à ces transformations qui se poursuivent sous le règne de Louis XV, le climat de croissance économique profite à la bourgeoisie d'affaires. Peu à peu, celle-ci impose ses valeurs au détriment des valeurs aristocratiques issues du XVIIe siècle. Les rapports de forces entre les trois ordres traditionnels que sont le clergé, la noblesse et le tiers état, se modifient. La Révolution de 1789 renverse la monarchie et fait entrer la France dans une nouvelle ère de son histoire.
Tout au long du siècle, la vie littéraire reflète ces mutations socio-économiques. L'engouement pour la "littérature d'idées" témoigne de la volonté, partagée par de nombreux écrivains, de mettre la raison au service des hommes. L'écrivain se fait "philosophe". Il lutte contre les formes d'oppression et de censure, et va jusqu'à organiser des campagnes d'opinion, comme, par exemple, celle de Voltaire à propos de l'affaire Calas. La tendance contestataire, qui se manifeste par le refus du principe d'autorité, des préjugés, et de l'influence de la religion dans les sciences, utilise de nouveaux moyens de diffusion pour se faire connaître. Les salons, comme celui de Madame de Lambert, ou les cafés comme le Procope, ne sont pas seulement des phénomènes de mode. Ils sont des lieux de débat et d'échange et participent de ce nouvel élan. La censure s'institutionnalise, mais ne parvient pas à enrayer la propagation des ouvrages qu'elle condamne. Enfin, les écrivains commencent à être rémunérés par "forfaits", mais le rôle du mécénat reste très important.
À la différence de leurs prédécesseurs, les écrivains du XVIIIe sont issus de tous les milieux, et en particulier de la bourgeoisie. Aussi leur engagement fait-il éclore de nouvelles idées comme le bonheur, le progrès ou la tolérance. Le travail n'est plus conçu comme quelque chose de dégradant, mais, au contraire, comme le moyen de transformer le monde matériel. L'ouvrage qui cristallise ce courant littéraire est l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert dont la publication s'échelonne de 1750 à 1772. Composée de dix-sept volumes de textes, de onze volumes de planches et de cinq volumes de suppléments, l'Encyclopédie est une œuvre majeure à laquelle ont participé, entre autres, Diderot, Rousseau, Montesquieu, et Voltaire. Son parti-pris est celui de la raison, de l'empirisme, et de l'esprit critique. Elle cherche à vulgariser les théories nouvelles, et prône le progrès des arts et des sciences. Le rôle de la métaphysique et de la théologie y étant contesté, elle a fait l'objet de nombreuses attaques officielles, mais a remporté un vif succès auprès du public.
Les philosophes des Lumières portent leurs regards au-delà des frontières. L'Angleterre incarne pour eux un modèle de tolérance religieuse, son régime politique les séduit, et les débuts de la révolution industrielle renforcent leurs idées libérales. Cette anglophilie va de paire avec un certain cosmopolitisme qui puise son inspiration dans les voyages lointains. La découverte d'autres civilisations et d'autres cultures conduit les philosophes à critiquer leurs propres coutumes. L'influence du Voyage en Perse et aux Indes orientales de Chardin (1686) est, par exemple, très présente dans les Lettres persanes de Montesquieu (1720). L'étranger est celui qui peut voir et critiquer la société française dans ses moindres paradoxes. En cela, il est représentatif de l'esprit des Lumières. Aux fictions présentant un étranger qui voyage en France, répondent celles où un Français va à la rencontre d'autres civilisations. L'exotisme fascine l'imaginaire romanesque des écrivains, et donne parfois lieu à des visions utopiques. Le Supplément au voyage de Bougainville, publié après la mort de Diderot, utilise la forme du récit de voyage pour décrire un paradis terrestre fantasmé.
Alors que la poésie connaît un sensible déclin au XVIIIe siècle, ce sont les genres qui étaient perçus comme mineurs au siècle précédent qui sont le plus explorés. Le genre narratif bénéficie d'un grand engouement et prend diverses formes, allant du conte ou de la nouvelle au roman épistolaire. Le conte apparaît aux écrivains comme une forme leur permettant de mener des récits où se mélangent le sérieux et le léger, et de se garder des foudres de la censure, en recourant au "merveilleux" de la fiction. Du fait de sa définition imprécise, le conte tend parfois à se rapprocher du roman, sans qu'il soit toujours possible de les distinguer précisément. Parce que souple et susceptible d'être décliné sur de nombreux registres, le genre romanesque prend peu à peu son essor. Il peut se présenter sous la forme de mémoires, comme La Vie de Marianne de Marivaux, sous forme de roman d'apprentissage comme les Égarements du cœur et de l'esprit de Crébillon, ou sous forme épistolaire, avec en particulier les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de Rousseau, et Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. La multitude de tentatives romanesques qui sont faites au XVIIIe siècle préparent les conditions de l'avènement du genre au siècle suivant.
Parmi les autres genres littéraires, la poésie est celui qui bénéficie du moins d'innovations. Les œuvres poétiques connaissent un déclin sensible, et les poètes du XVIIIe siècle, comme Coulange ou Saint-Lambert, sont aujourd'hui tombés dans l'oubli. En revanche, la tragédie et la comédie restent à la mode. Mais c'est surtout cette dernière qui remporte un grand succès auprès du public. Marivaux parvient à imposer une comédie d'un ton recherché, et d'une finesse sans pareille au XVIIIe siècle. Les intrigues s'y nouent autour de personnages aux psychologies plus complexes et mettent en avant la dialectique de l'être et du paraître, du maître et du serviteur. Beaumarchais va, quant à lui, donner à la comédie un souffle prérévolutionnaire avec Le Mariage de Figaro, qui laisse transparaître une critique subversive de l'ordre social.
MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de La Brède et de), 1689-1755
Charles de Secondat est né en 1689 au château de la Brède, près de Bordeaux. Après des études de droit, il devient conseiller au parlement de Bordeaux en 1714, puis président en 1716. Il s'intéresse aux sciences, mais le succès de ses Lettres persanes, publiées en 1721, l'attache à la littérature. Il accomplit de nombreux voyages à Paris où il est reçu dans les clubs et les salons, et est élu à l'Académie française en 1728. Voulant écrire un ouvrage politique, il fait plusieurs voyages à travers l'Europe entre 1728 et 1731 où il se documente sur les différents régimes politiques, lois et coutumes. En 1734, il compose ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, puis continue à alterner retraites dans ses terres et voyages à Paris où il fréquente les personnalités de son temps. C'est en 1748 qu'il publie anonymement à Genève son œuvre majeure, De l'esprit des lois. Celle-ci subit de vives attaques de la part des jansénistes et des jésuites, polémique à laquelle Montesquieu répondra par sa Défense de l'esprit des lois en 1750. Il meurt à Paris cinq ans plus tard.
Montesquieu est représentatif de l'esprit des Lumières en ce début de XVIIIe siècle. Il conjugue dans ses œuvres plusieurs tons : il peut être libertin dans un roman comme Le Temple de Gnide (écrit en 1725), satirique dans ses Lettres persanes, historien dans ses Considérations, mais également théoricien dans De l'esprit des lois. Mais, quelque soit la veine littéraire qu'elle suit, l'œuvre de Montesquieu est d'une grande cohérence. Elle est composée dans un langage clair et concis, avec l'art de mener le lecteur aux conclusions qui s'imposent grâce à une subtilité argumentative qui ne laisse place à aucune improvisation.
Durant les deux premières décennies du XVIIIe siècle, l'Orient est à la mode, et ce en particulier grâce à la traduction et la publication entre 1704 et 1717 des Mille et une Nuits par Antoine Galland. Les Lettres persanes s'inscrivent donc dans cette vogue et reprennent à leur compte le genre de la chronique fictive de l'étranger visitant l'Europe. Montesquieu compose ici un chef-d'œuvre qui a été à la fois un immense succès, et l'objet de condamnations officielles. Cet ouvrage sera par la suite imité de nombreuses fois sans qu'aucune de ces imitations atteigne sa subtilité et sa profondeur.
Montesquieu utilise le procédé du regard étranger pour s'en prendre aux autorités qui, telles la royauté, la papauté ou la justice, abusent de leurs pouvoirs. Le personnage du persan est dépositaire de ce regard différent qui rend compte aussi bien l'étrangeté des mœurs (Lettre XXX), que les tensions politiques inhérentes au système monarchique. À cela vient s'ajouter l'orientalisme des lettres qui relatent les événements se déroulant dans le sérail en l'absence du protagoniste. Ce procédé permet d'établir un parallèle entre deux types de gouvernement et de société. Le cas de la France et de la Perse se rapprochent ainsi jusqu'à placer le lecteur dans une situation où il est contraint de relativiser la valeur de ses coutumes et de ses institutions. Derrière la fiction se dessine une dimension sociologique que l'on retrouvera dans De l'esprit des lois. Enfin, Montesquieu écrit son roman sous une forme épistolaire. La multiplicité des points de vue permet d'individualiser chaque personnage et de nuancer la manière dont il s'exprime en fonction de celui à qui est adressée la lettre. Elle permet également de masquer certaines attaques derrière le voile de la fiction. L'allégorie des Troglodytes, qui se déroule de la lettre XI à XIV, en est l'exemple le plus célèbre. Les travers de la société y sont dénoncés en un récit qui frappe l'imagination.
Montesquieu s'est également intéressé à l'Histoire, afin d'en proposer une approche novatrice. En effet, dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, il développe l'idée d'un déterminisme historique dont l'origine est à chercher dans des facteurs aussi variés que les causes sociales, économiques, politiques, ou géographiques. On retrouve cette démarche dans De l'esprit des lois, à propos de l'étude des causes permettant de comprendre la diversité des régimes politiques en fonction des pays. Plutôt que de recenser ces différentes formes de régimes, Montesquieu fonde une véritable science politique en définissant de façon rationnelle les lois susceptibles d'instaurer un gouvernement juste. Il définit ainsi trois types de gouvernements : la république, qui trouve son fondement dans la vertu ; la monarchie, qui est fondée sur l'honneur ; et le despotisme, qui est régi par la crainte. Selon Montesquieu, le gouvernement idéal est la monarchie constitutionnelle, car il permet de diviser les pouvoirs en exécutif, législatif et judiciaire. D'autres corps intermédiaires, comme le clergé, la noblesse, et le parlement, viennent également tempérer le pouvoir. Montesquieu parvient ainsi à proposer une critique de ce qui, comme l'esclavage, s'oppose aux lois morales les plus élémentaires et universelles.
Œuvres principales :
• Lettres persanes (1721).
• Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734).
• De l'esprit des lois (1748).
• Défense de l'esprit des lois (1751).
• Arsace et Isminie (1754).
MARIVAUX (Pierre Carlet de Chamblain de), 1688-1763
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux est né à Paris en 1688. Il passe son enfance à Riom, puis fait ses études dans la capitale. Lié à La Motte de Fontenelle, il est reçu dans le salon de Mme de Lambert. Il écrit bientôt une comédie, Arlequin poli par l'amour (1720), et plusieurs romans à titre d'amateur. Ce n'est qu'après la banqueroute de Law en 1720 que Marivaux, ruiné, se met à écrire pour vivre et devient ainsi un véritable homme de lettres. Il mène alors une intense activité littéraire. Il collabore à plusieurs périodiques et fonde un journal, Le Spectateur français, en 1721. Mais il s'impose en composant plusieurs comédies dont La Double Inconstance en 1723, L'Île des esclaves en 1725, et Le Jeu de l'amour et du hasard en 1730. Il poursuit sa production romanesque avec La Vie de Marianne (1731-1741) et Le Paysan parvenu (1734). Il fréquente les salons, et trouve en Mme de Tencin une protectrice. En 1743, il est élu à l'Académie française contre Voltaire, mais peu à peu, le ton de ses pièces passe de mode. Il écrit moins et meurt en 1763.
Depuis Molière, la comédie n'avait pas connu de véritable innovation. Marivaux lui apporte un nouveau souffle et une modernité surprenante. La plupart de ses pièces met en scène la naissance et le développement du sentiment en concentrant l'action sur le rôle joué par le langage. Le terme "marivaudage" est apparu dès le XVIIIe siècle. Il désigne le jeu parfois complexe du langage et de l'échange amoureux. Les quiproquos, les jeux de mots, ou l'à-propos des répliques sont les moyens par lesquels les personnages remettent en question leurs sentiments, ou au contraire les confirment. L'élégance et la délicatesse de la langue épousent ainsi toutes les nuances de l'évolution des sentiments, et permettent à l'intrigue de se nouer. Il y a là en substance toute la conception de l'ordre de la société du XVIIIe siècle : la vie commune, et, a fortiori, la vie sentimentale, passent par le bon usage de la langue, la manière de dire le monde, et de se dire soi-même.
C'est pourquoi, dans le théâtre de Marivaux, les amants veulent, avant de se déclarer, être certains de la sincérité de l'autre. Pour y parvenir, ils n'hésitent pas à se déguiser, à se travestir, bref à se masquer derrière un identité sociale qui n'est pas la leur, afin de percer le mystère du désir de l'autre. Dans Le Jeu de l'amour et du hasard (1730), Silvia échange ainsi son rôle avec sa servante afin de s'assurer de Dorante, qui lui est promis. Mais, de son côté, Dorante en fait de même avec son valet. L'intrigue se développe alors grâce à une série de malentendus, et s'achève par un double mariage : celui des maîtres, et celui des valets.
Empruntée à la commedia dell'arte, l'utilisation dramaturgique du masque introduit une part de machiavélisme qui transforme parfois des amants en de fins stratèges. Mais l'échafaudage de subterfuges et d'artifices ne prend jamais le pas sur la comédie. Au contraire, il est le moteur comique de certaines scènes, et, surtout, ce qui apporte aux comédie de Marivaux un autre degré d'interprétation. Derrière la légèreté du sujet des pièces et la subtilité de la langue, le spectateur découvre une peinture sociale des rapports entre maîtres et valets qui, pour l'essentiel, vise à faire comprendre à chacun que sa propre situation sociale n'est pas naturelle mais culturelle. Ainsi les pièces suscitent une réflexion sur le jeu existentiel entre l'être et le paraître. Ces éléments sont également présents dans son roman inachevé La Vie de Marianne (1731-1741). Comme dans son théâtre, Marivaux y peint la réalité de la société dans laquelle il vit, et la vérité complexe des sentiments.
Œuvres principales :
• Arlequin poli par l'amour (1720).
• La Surprise de l'amour (1722).
• La Double Inconstance (1723).
• Le Prince travesti (1724).
• L'Île des esclaves (1725).
• Le Jeu de l'amour et du hasard (1730).
• L'École des mères (1732).
• Le Paysan parvenu (1734).
• Le Legs (1736).
• Les Fausses Confidences (1737).
• L'Épreuve (1740).
• La Vie de Marianne (1731-1741).
VOLTAIRE (François-Marie Arouet dit), 1694-1778
François-Marie Arouet est né à Paris en 1694, d'un père notaire conseiller du roi. Il fait ses études au collège de Clermont (aujourd'hui lycée Louis-le-Grand) puis, fréquente les milieux libertins plutôt que de poursuivre ses études de droit. Il compose des poèmes satiriques qui le conduisent à la Bastille en 1717 où il écrit Œdipe, tragédie qui remportera un grand succès et qu'il signe sous le pseudonyme de Voltaire. Une altercation avec le chevalier de Rohan-Chabot le conduira une nouvelle fois à la Bastille en 1725. Libéré cinq mois plus tard, il s'exile en Angleterre, où il restera jusqu'en 1729. Il y compose les Lettres anglaises ou philosophiques qui seront publiées cinq ans plus tard. De retour en France, il écrit de nouvelles tragédies (Brutus en 1730, Zaïre en 1732), ainsi que plusieurs essais critiques. Il se retire chez la marquise du Châtelet en Lorraine à l'occasion du scandale suscité par ses Lettres anglaises, et y compose son célèbre conte philosophique Zadig (1747). Grâce au marquis d'Argenson, il est nommé historiographe du roi en 1745, et bénéficie d'une brève grâce auprès de Louis XV. En 1750, il accepte l'invitation de Frédéric II, roi de Prusse, et part pour Berlin. Mais, brouillé avec son hôte, il revient en France trois ans plus tard. Il publie alors Le Siècle de Louis XIV, œuvre sur laquelle il travaillait depuis vingt ans. En 1755, il s'installe près de Genève, et participe à la composition de l'Encyclopédie, fait publier l'Essai sur les mœurs en 1756, et Candide en 1759. En 1760, il s'installe à Ferney où il séjournera jusqu'à sa mort. Ses dernières années sont marquées par une grande activité littéraire : il entretient une importante correspondance, reçoit de nombreux visiteurs, compose des pièces illustrant ses thèses philosophiques, entre dans des polémiques pour défendre ceux qu'il estime victimes d'injustices (Calas, Sirven, Lally), et enfin écrit deux ouvrages philosophiques importants, le Traité sur la tolérance (1763) et le Dictionnaire philosophique (1764). En 1778, quelques mois avant de mourir, Voltaire retourne à Paris où il est accueilli triomphalement. Il meurt le 30 mai de la même année.
Voltaire est un polygraphe. Il s'intéresse à tous les genres littéraires et les utilise pour véhiculer ses idées philosophiques. Sachant que le public auquel il s'adresse est repu de traités austères, il met en scène ses idées en les plaçant sous le signe de l'ironie et s'assure ainsi un grand succès. À ce facteur extérieur vient s'ajouter le fait que Voltaire est convaincu que l'ironie est une arme efficace permettant de dénoncer l'injustice des hommes et l'absurdité du monde.
Les œuvres de Voltaire qui lui ont survécu ne sont ni ses tragédies, ni ses poèmes, genres qui pourtant lui ont valu sa renommée. Au contraire, ses œuvres les plus lues aujourd'hui sont les petites histoires, les contes, les dialogues, les pamphlets, les lettres ou les facéties.
Outre son abondante correspondance (on recense quelque quinze mille lettres), Voltaire utilise la forme épistolaire pour critiquer publiquement la société française. Il défie la censure en procédant de façon indirecte. Ses Lettres anglaises ou philosophiques prennent le cas de l'Angleterre et traitent de religion, de politique, des fondateurs des sciences modernes (comme Bacon, Locke, ou Newton), ou encore de littérature. Mais, derrière le ton admiratif qu'il emploie pour parler de ce pays et de l'émergence d'une nouvelle société, il critique le régime politique français. Les développements sur la tolérance religieuse des Anglais soulignent a contrario l'intolérance qui sévit toujours en France. La lettre devient ainsi pamphlétaire et préfigure des ouvrages comme le Dictionnaire philosophique où Voltaire s'attaque à la métaphysique, ou le Traité sur la Tolérance, où il défend son idée de la justice.
Il a également recours à une discipline encore immature au XVIIIe siècle : l'Histoire. Son Histoire de Charles XII ou Le Siècle de Louis XIV sont soucieux d'objectivité. Voltaire reprend les documents d'archives, recherche les témoignages et inaugure ainsi une écriture moderne de l'Histoire. Mais cette démarche a, comme toujours, une implication philosophique. En soulignant le rôle des grands hommes, de l'économie et du hasard, il cherche à prouver que l'Histoire n'est pas gouvernée par une transcendance divine, mais qu'elle est au contraire une affaire humaine, qu'il nous importe de construire.
Voltaire utilise la forme narrative du conte dans un dessein analogue. Son Candide est représentatif de ce type d'œuvre. Par la fiction d'un jeune homme naïf et optimiste qui ne rencontre que des mésaventures, Voltaire s'en prend à tous les penseurs pour qui l'ordre du monde est régi par un principe supérieur. Il ne craint pas pour cela de caricaturer les thèses de ceux-ci, comme en particulier celles de Leibniz. Il cherche à mettre les rieurs de son côté. Son impertinence est sans limites, et, jusqu'à sa mort, il témoigne d'une énergie intellectuelle qui le conduira à militer en faveur de la réhabilitation d'hommes victimes d'injustices. La verve de Voltaire annonce ainsi de nombreux débats et combats d'idées ultérieurs.
Œuvres principales :
• Œdipe (1718)
• Poème de la Ligue (1723).
• Brutus (1730).
• Zaïre (1732).
• Histoire de Charles XII (1731).
• Épître à Uranie (1733).
• Le Temple du goût (1733).
• Lettres philosophiques sur l'Angleterre (1734).
• Zadig ou la Destinée (1747).
• Le siècle de Louis XIV (1752).
• Micromégas (1752).
• Essai sur les mœurs (1756).
• Candide ou l'Optimisme (1759).
• Traité sur la tolérance (1763).
• Dictionnaire philosophique (1764).
• L'Ingénu (1767).
• Irène (1778).
ROUSSEAU (Jean-Jacques), 1712-1778
Fils d'un horloger, Jean-Jacques Rousseau est né en 1712. Très tôt orphelin de mère, il est mis en pension chez le pasteur Lambercier, en Suisse, à l'âge de dix ans. Commence alors une période d'apprentissage où il multiplie les petits métiers. En 1728, il part à l'aventure en France où il est recueilli par Mme de Warens. Converti au catholicisme, il mène une vie vagabonde, avant de retrouver sa protectrice à Chambéry en 1732. C'est lors de son séjour aux Charmettes avec elle entre 1737 et 1740, qu'il se plonge dans l'étude, cultive sa sensibilité et son esprit. Mais Mme de Warens se lasse de lui, et il part tenter la fortune à Paris en 1741. Il rentre en contact avec Voltaire et Diderot qui lui commandent plusieurs articles pour l'Encyclopédie. En 1743, il accompagne M. de Montaigu, ambassadeur de France à Venise puis revient à Paris. Il fréquente les salons mais n'y brille guère en raison de ses piètres talents d'orateur. En 1745, il commence une liaison avec Thérèse Levasseur, une ancienne servante, avec qui il se mariera plus de vingt ans plus tard après avoir eu cinq enfants qu'il aura abandonnés. À l'occasion d'un concours organisé par l'académie de Dijon en 1749, il compose son Discours sur les sciences et les arts, qui, couronné, le rend brusquement célèbre. En 1752, il fait jouer Le Devin de village, opéra qui remporte un certain succès, puis l'année suivante une comédie, Narcisse. En 1754, un nouveau concours, organisé par l'académie de Dijon, lui offre l'occasion de composer un nouvel essai philosophique, le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, où il dénonce les méfaits d'une société qu'il conçoit comme étant à l'origine de tous les maux, et à laquelle il oppose l'idéal de l'état de nature. Mais ce nouvel ouvrage ne se voit pas décerner de prix. En 1756, Rousseau répond à l'invitation de Mme d'Épinay et part pour la propriété de l'Ermitage à Montmorency. Mais son caractère ombrageux le fait rapidement rompre avec Mme d'Épinay, puis avec les encyclopédistes. Il compose une violente critique du théâtre avec la Lettre à d'Alembert sur les spectacles. À partir de 1758, il fait de fréquents séjours à Montmorency chez le maréchal de Luxembourg, où il termine et publie, entre 1761 et 1762, son roman épistolaire, Julie ou la Nouvelle Héloïse, son traité de politique, Du contrat social, et son ouvrage sur l'éducation, l'Émile ou De l'éducation. Mais, quelques jours après la publication de ce dernier livre, il est poursuivi par le parlement de Paris pour le passage concernant la religion sans dogme. Il s'enfuit en Suisse, puis gagne l'Angleterre. Il mène une vie de proscrit et s'enferme peu à peu à peu dans la solitude. De retour en France en 1767, il poursuit la rédaction de ses Confessions où il se peint lui-même afin de s'autojustifier. De plus, persuadé qu'un complot se trame contre lui, il s'isole et compose, entre 1772 et 1776, trois Dialogues qui sont dans la même lignée que les Confessions. Il est accueilli en 1778 par le marquis de Girardin dans sa propriété d'Ermenonville où il achève ses Rêveries du promeneur solitaire, avant de mourir subitement.
Rousseau est un autodidacte. Sa production littéraire est variée et aborde aussi bien le genre littéraire de l'essai que ceux du roman ou de l'autobiographie. Mais elle témoigne d'une grande unité. Dès le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), l'idée centrale de sa philosophie est présente : la société dénature l'homme en le plongeant dans le règne du paraître. Pour étayer cette idée, il construit l'hypothèse d'un état de nature antérieur à toute inégalité de fait. Cette hantise du mensonge, de la tromperie et de l'hypocrisie se répercute aussi bien sur la question de l'art, de la politique, ou de la pédagogie qu'il aborde dans ses ouvrages ultérieurs.
Dans sa Lettre à d'Alembert (1758), écrite en réponse à l'article Genève de l'Encyclopédie, il condamne les représentations dramatiques qu'il tient, dans la logique de son système, comme des artifices de la civilisation qui sont contraires à la morale. Cette prise de position lui attire les foudres de ses anciens amis encyclopédistes, et en particulier celles de Voltaire, grand amateur de théâtre. Rousseau est désormais à l'écart de la société des écrivains, et c'est dans cette solitude qu'il écrit ses œuvres de maturité. Dans le Contrat social, il aborde le problème fondamental de la coexistence des aspirations individuelles et de la vie en société. Afin de le résoudre, il introduit l'idée de la volonté générale, principe qui ne rentre pas en contradiction avec la volonté du sujet puisque celui-ci, par l'établissement d'un pacte social, accepte de se soumettre à ce que la société décide collectivement. Dans l'Émile ou De l'éducation (1761), Rousseau éclaire d'un jour nouveau la question de l'éducation : la liberté de l'enfant doit être préservée afin qu'il soit capable, une fois adulte, de faire face à ses responsabilités morales. Pour cela, Rousseau préconise d'accorder une plus grande importance à l'expérimentation, et de se méfier de l'influence des livres. Ces dispositions visent une éducation selon la nature, à l'écart des méfaits de la civilisation. Rousseau développe également sa conception de la foi au chapitre IV, grâce à la fiction du vicaire savoyard : l'authentique croyance en Dieu est une religion naturelle qui refuse les dogmes. Elle est inscrite dans le cœur de l'homme, au plus près de sa sensibilité.
Cette valorisation de la sensibilité est très présente dans les écrits autobiographiques de Rousseau. Déjà à propos de Julie ou la Nouvelle Héloïse (1762), son unique roman, il reconnaît avoir inscrit, dans le récit par lettres de la passion amoureuse de Julie et de Saint-Preux, de nombreux éléments autobiographiques. Mais c'est avec les Confessions qu'il s'adonne au genre autobiographique. De plus en plus en proie à des sentiments de persécution, il multiplie les textes où il se prend comme objet d'étude. En 1761, il décide de répondre à la demande de son éditeur et compose les Confessions où il se présente sous les traits "d'un homme peint exactement d'après nature et dans toute sa vérité". Il plonge au plus profond de lui-même, s'étend sur les détails de son enfance, se raconte sans complaisance et innove, par là même, une certaine écriture du Moi.
Œuvres principales :
• Discours sur les sciences et les arts (1750).
• Le Devin de village (1752).
• Narcisse (1752).
• Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755).
• Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758).
• Du contrat social (1761).
• Émile ou De l'éducation (1761).
• Julie ou la Nouvelle Héloïse (1762).
• Lettres à Monsieur de Malesherbe (1762).
• Confessions (écrites à partir de 1765, publication posthume en 1782-1789).
• Dialogues (écrites entre 1772 et 1776, publication posthume en 1789).
•Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites entre 1776 et 1778, publication posthume en 1782).
DIDEROT (Denis), 1713-1784
Né à Langres en 1713, Denis Diderot fait ses études chez les jésuites, avant de venir étudier à Paris où il est reçu maître ès arts en 1732. Il travaille d'abord chez un procureur, mais, d'un naturel indépendant et passionné, il se tourne vers la littérature. Il se lie avec Rousseau, puis Condillac, Grimm et D'Alembert. Son esprit intempestif lui vaut quelques déboires : sa première œuvre personnelle, les Pensées philosophiques (1746), est condamnée par le parlement. Puis, en 1749, il est emprisonné trois mois à Vincennes pour sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. En 1746, le libraire Le Breton lui confie la direction de l'Encyclopédie, dont le premier volume paraîtra en 1750. Ce travail auquel il consacrera près de vingt ans de sa vie, ne l'empêche pas de continuer à écrire des ouvrages de tout genre, en particulier des récits comme le roman libertin, Les Bijoux indiscrets (1748), ou, plus tard, La Religieuse (1780) ainsi que le récit dialogué Le Neveu de Rameau qu'il achèvera en 1778. Diderot se lance dans le genre dramatique et formule la théorie du drame bourgeois dans son Discours sur la poésie dramatique (1758), qu'il illustre par deux pièces : Le Fils naturel ou les Épreuves de la vertu (1757), et Le Père de famille (1758). De 1759 à 1781, il écrit des critiques d'art en rendant compte des salons du Louvre dans La Correspondance littéraire dont son ami Grimm est le directeur. Enfin, il poursuit son activité philosophique avec, en particulier, Le Rêve de d'Alembert (1769), où une fiction lui permet d'avancer des thèses matérialistes. La correspondance qu'il entretient avec Sophie Volland qu'il a rencontrée en 1756, prend l'aspect de confidences. Cette correspondance, qui durera jusqu'en 1774, nous permet de mieux cerner le tempérament de Diderot. À la demande de la tsarine Catherine II, Diderot part pour Saint Pétersbourg en 1773, où il séjourne sept mois, comblé d'attentions. La même année, il écrit le Supplément au voyage de Bougainville, un roman, Jacques le fataliste, et un essai, Paradoxe sur le comédien. De retour à Paris en 1774, il continue à travailler pour son plaisir, mais sa production se tarit quelque peu. La bienveillance de Catherine II lui permet de vivre ses dernières années dans l'aisance. Il meurt à Paris en 1784.
L'œuvre de Diderot est une pensée en marche. À l'image de son tempérament, elle est à la fois tumultueuse, versatile, joyeuse et insatiable. Il compose dans tous les registres littéraires, exception faite de la poésie, et n'a de cesse de reprendre et d'approfondir les paradoxes. Philosophe matérialiste, Diderot s'oppose à la religion et s'enthousiasme pour la science. La Lettre sur les aveugles pose la connaissance comme provenant des sens, et fait de la question métaphysique de l'existence de Dieu un problème sans importance. Mais c'est dans l'Entretien entre d'Alembert et Diderot, et dans l'ouvrage qui lui fait suite, Le Rêve de d'Alembert, que sa doctrine se précise et témoigne d'une sensibilité scientifique qui annonce l'évolutionnisme : la matière est première, et tout l'ordre du vivant résulte de sa combinaison de plus en plus complexe.
Parallèlement à ces ouvrages philosophiques, Diderot compose des ouvrages de critique d'art et rédige des articles dans la revue les Salons. Un texte comme le Paradoxe sur le comédien, écrit sous la forme d'un dialogue, est fondateur d'une conception du jeu d'acteur : pour être parfait, le comédien doit non pas céder à l'enthousiasme, mais être réfléchi et lucide, sans quoi il ne pourra parvenir à faire ressentir l'émotion à chaque fois qu'il joue. En outre, Diderot cherche à définir un nouveau genre, le drame. Cette partie de son œuvre est aujourd'hui peu lue, mais elle a influencé de nombreux dramaturges au XIXe siècle.
Diderot a enfin composé des œuvres narratives, contes et romans, qui sont fortement influencées par des questions issues de sa philosophie, en particulier : Comment le déterminisme et la liberté peuvent-ils être conciliés ? Jacques le fataliste en est probablement l'exemple le plus emblématique : Jacques est persuadé que sa destinée est écrite, mais il agit de façon plus libre que son maître. Ce rapport entre les deux se répercute jusque dans la forme du roman qui est d'une grande modernité. Mais cette question du rapport entre déterminisme et liberté se retrouve également dans deux autres œuvres : La Religieuse, roman libertin et anticlérical, et Le Neveu de Rameau, où Diderot illustre, grâce à la fiction d'une conversation entre "lui", le neveu du musicien Rameau, et un "moi" assimilable à l'auteur, les deux tendances qui l'animent : le bohème d'une imagination débordante et d'une ironie sans pareille, et le philosophe modéré respectueux des conventions. Cette œuvre étourdissante résume à elle seule l'incroyable talent de Diderot.
Œuvres principales :
• Pensées philosophiques (1746).
• Les Bijoux indiscrets (1748).
• Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749).
• Pensées sur l'interprétation de la nature (1754).
• Le Fils naturel ou Les Épreuves de la vertu (1757).
• Le Père de famille (1758).
• Salons (publication posthume 1760).
• La Religieuse (publication posthume 1796).
• Jacques le Fataliste (publication posthume 1796).
• Le Neveu de Rameau (publication posthume1891).
• Supplément au voyage de Bougainville (publication posthume 1796).
• Lettres à Sophie Volland (publication posthume 1830)
• Paradoxe sur le comédien (publication posthume 1830).
• Le Rêve de d'Alembert (publication posthume 1830)
Direction et publication d'articles de l'Encyclopédie entre 1751 et 1772 (Aristotélisme, Tabac, Indigo, Épicurisme, Fleurs artificielles, Lutherie etc.).
Les événements qui délimitent le siècle des lumières sont la mort de Louis XIV, en 1715, et le coup d'état perpétré par Napoléon Bonaparte, le 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), annonciateur de l'empire. Entre ces deux extrêmes, le siècle se décompose en plusieurs temps : d'abord la régence (1715 - 1723), puis les règnes de Louis XV (1723 - 1774) et de Louis XVI (1774 - 1791), enfin la révolution française (1789 - 1799).
La France, qui est alors le pays le plus peuplé d'Europe, connaît, pendant près de quatre-vingts ans, la paix intérieure et la prospérité économique. A mesure que l'esprit philosophique se développe, dans les salons, les cafés ou les club, l'autorité monarchique se dissout, sapée par des tentatives de réformes sans lendemain, comme par l'opposition aristocratique. Forte de sa puissance financière, la bourgeoisie d'affaires manifeste son désir d'annexer le pouvoir politique, ambition qui se concrétisera à partir de 1789.
Dans le domaine des arts, Louis XIV vieillissant voulait "de l'enfance répandue en toutes choses". Sous la régence, cette tendance à la légèreté s'accentue. Elle s'épanouit pendant le règne de Louis XV. Le goût de l'élégance, du confort, et des beaux objets se répand jusque dans les rangs de la bourgeoisie. Mais, dans la seconde moitié du siècle, les philosophes s'insurgent contre les tendances libertines de la société, auxquelles ils associent le style rocaille. Ils prônent un retour aux vertus de la Rome antique et républicaine, qui deviendront en grande partie l'idéal révolutionnaire.
Le début de l’histoire de la France moderne
1789 ( prise de la Bastille ) , 1792 ( abolition de la royauté ) et 1793 ( exécution capital de Louis XVI ) sont les dates-clés qui marqué la fin de l’Ancien France Régime et le début de l’histoire de la France moderne .
Plusieurs facteurs contribuent à la naissance et à l’évolution de cet “ esprit des lumière: absolutisme intolérant de Louis XIV , l’enrichissement de la bourgeoisie , qui demande à participer à la gestion du pouvoir , la prise de la conscience de la part de quelques de questions esprits “ éclairés “ de la misère insupportable du peuple , écrasé par la famine et les impôts , la connaissance des civilisations exotiques et “ sauvages “ l’influence de la littérature ( Richardson ) , de la philosophie ( Locke ) , de la politique ( monarchie constitutionnelle ) anglaises , le progrès des sciences ( surtout l’œuvre de Buffon , l’Histoire naturelle , de 1749 ) , la mode des voyages , la circulation des livres ( imprimés clandestinement en France ou achetés à l’étranger ) et des idées , dans les salons de quelques femmes cultivées et ouverte aux nouveautés , qui reçoivent les écrivains et les philosophies français et étrangers: Madame de Lambert , Madam du Deffand ( don’t la correspondance avec Voltaire est fort intéressante ), Madam Geoffrin , qui fiance l’Encyclopédie , Julie de Lespinasse , protectrices des encyclopédistes, Madame du Châtelet , compagne de Voltaire , et auteur d’un Discours sur le bonheur , qui reçoit dans son château de Lorraine , Madam Rolande , journaliste et auteur d’un intéressant livre de Mémoires .












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